Tabous : désormais, la nécessité fait loi

cg.contributor.affiliationTechnical Centre for Agricultural and Rural Cooperationen
cg.howPublishedFormally Publisheden
cg.issn1011-0046en
cg.journalSporeen
cg.number48en
cg.placeWageningen, The Netherlandsen
dc.contributor.authorTechnical Centre for Agricultural and Rural Cooperationen
dc.date.accessioned2015-03-23T11:06:29Zen
dc.date.available2015-03-23T11:06:29Zen
dc.identifier.urihttps://hdl.handle.net/10568/60417
dc.titleTabous : désormais, la nécessité fait loifr
dcterms.abstractVillages tabous où il ne fait pas bon dormir, oignons maudits qui attirent la foudre, pommes de terre qui tarissent le lait, les tabous ont longtemps freiné le développement des communautés villageoises et des cultures. Aujourd’hui, un peu...en
dcterms.accessRightsLimited Access
dcterms.bibliographicCitationCTA. 1993. Tabous : désormais, la nécessité fait loi. Spore 48. CTA, Wageningen, The Netherlands.en
dcterms.descriptionVillages tabous où il ne fait pas bon dormir, oignons maudits qui attirent la foudre, pommes de terre qui tarissent le lait, les tabous ont longtemps freiné le développement des communautés villageoises et des cultures. Aujourd’hui, un peu partout sur le continent africain, la nécessité a vaincu les tabous.Au Sénégal, dans certains départements, gardez-vous de dormir n’importe où. Dans les villages tabous, les nuits risquent d’être agitées, dit-on. « L’étranger qui dort ici est transformé en âne, dit la rumeur. Il travaillera comme une bête de somme jusqu’à ce que mort s’en suive. » Pourquoi cette exclusion ? L’histoire remonte presque toujours à la nuit des temps : « Il y a plus de deux siècles, un marabout est venu demander de l’eau dans notre village. On le lui a refusé. Furieux, le marabout a jeté un mauvais sort. Depuis, les habitants sont maudits et tout le monde les fuit. » Quelle que soit l’origine de la malédiction, querelles de marabouts, maladies étranges ou suspicions de voisins malveillants, ce sont les gouverneurs, préfets et sous-préfets qui sont les victimes préférées du mauvais oeil. Pour rien au monde un « officiel » sénégalais ne se rendrait dans le village concerné. Impossible donc d’y célébrer la journée de l’arbre ou de l’alphabétisation, impensable d’y envoyer des animateurs, des formateurs, ni aucun fonctionnaire. Ce sont des villages qui sont donc mis à l’écart du développement et du progrès, certains utilisant des techniques agricoles que l’on ne voit plus ailleurs depuis fort longtemps. Interdit-d’interdire Aujourd’hui, les interdits tombent. Les nouvelles générations ignorent de plus en plus ces coutumes dont ils ne connaissent même plus le sens. Les conditions de vie de plus en plus difficiles ne les incitent pas à approfondir la question. Par ailleurs, les organisations internationales, soucieuses de leur travail, ignorent elles aussi ces traditions. Ainsi, il y a quelques années, une ONG a décidé de forer un puits dans une de ces bourgades maudites et d’initier les villageois aux techniques maraîchères. La terre, qui n’a cure des croyances des hommes, a donné une récolte record de pommes de terre ! Curieusement, les populations de ces villages font preuve d’un dynamisme et d’une détermination que l’on ne trouve pas toujours ailleurs. Comme si d’avoir lutté pendant si longtemps contre une malédiction donnait des forces surnaturelles. Le Sénégal n’est pas le seul pays à subir la dure loi des tabous. Quelle nation d’Afrique peut se targuer de ne pas en avoir ? Dans les gargotes rwandaises, où grillent des brochettes, l’entrée du bar est toujours orne mentée d’une tête ou d’une queue de chèvre, afin de rassurer les clients sur la nature de la viande qu’on a mise à rôtir. L’idée de manger du mouton était inconcevable puisqu’elle était réservée aux Batwa (les Pygmées), jugés inférieurs et fort méprisés. Mais au Rwanda, comme au Sénégal, les difficultés de la vie quotidienne viennent à bout des traditions les plus coriaces. Ainsi, au pays des mille collines, le cheptel des petits ruminants ne cesse d’augmenter, y compris celui des moutons. Force a été pour les éleveurs de constater que le traditionnel élevage bovin n’est plus compatible avec la diminution des pâturages, progressivement grignotés par les cultures. Nécessité fait loi A Madagascar, c’est aussi la pauvreté qui a vaincu le tabou. Il y a quinze ans, il aurait fallu payer cher les paysans de la Grande Ile pour qu’ils cultivent l’oignon, tabou par excellence, « le légume qui attire la foudre ». Aujourd’hui, dans la région d’Avaratrambolo, où la récolte de riz ne couvre que la moitié des besoins de l’année, les communautés villageoises sautent le pas. De trois tonnes en 1962, la production de cette seule région d’Avaratrambolo est passée à 600. Et Madagascar peut se targuer d’exporter ce légume autrefois maudit vers les îles voisines, la Réunion, les Comores, Maurice. La pomme de terre aurait-elle le mauvais oeil ? C’est ce qu’ont longtemps cru les Rwandais. Dommage pour les hautes terres rwandaises, à plus de 2 000 m d’altitude, qui se prêtent si bien à la culture de ce tubercule. « Jadis, on ne pouvait pas en manger quand on allaitait ou après avoir bu du lait. Ces légendes ont été combattues par les foyers sociaux, les églises, les écoles et les centres de santé. Aujourd’hui, tout le monde ici mange des pommes de terre. » se félicite Anastasie Karekezi, de la Préfecture de Cyangugu, au sud-ouest du pays. Et personne n’en est sourd,.comme le prétendait aussi la rumeur. Dès 1979, le gouvernement a lancé un Programme National d’Amélioration de la Pomme de terre. Faisant fi des tabous, le PNAP a mis au point des variétés de qualité, en quantité suffisante pour les répandre dans tout le pays. Si la viande de chèvre ne produit plus de femmes à barbe, si la foudre épargne les mangeurs d’oignons, et si les pommes de terre ne font plus tourner le lait, que reste til des tabous ? Au Cameroun, certaines viandes comme le chien, le chat et la vipère sont réservées aux initiés. Mais qui s’en plaindrait ? Quant aux oeufs, ils sont encore interdits dans beaucoup d’endroits aux femmes et aux enfants, victimes de la plupart des interdits alimentaires. Ce qui permet d’affirmer à certains que la principale raison des tabous est la gourmandise des hommes... surtout celle des aînés.en
dcterms.isPartOfSporeen
dcterms.issued1993
dcterms.languagefr
dcterms.publisherTechnical Centre for Agricultural and Rural Cooperationen
dcterms.typeNews Item

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