L’arbre, un outil de production à redécouvrir
cg.contributor.affiliation | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
cg.howPublished | Formally Published | en |
cg.issn | 1011-0046 | en |
cg.journal | Spore | en |
cg.number | 14 | en |
cg.place | Wageningen, The Netherlands | en |
dc.contributor.author | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
dc.date.accessioned | 2015-03-19T13:49:16Z | en |
dc.date.available | 2015-03-19T13:49:16Z | en |
dc.identifier.uri | https://hdl.handle.net/10568/58873 | |
dc.title | L’arbre, un outil de production à redécouvrir | fr |
dcterms.abstract | Concilier agriculture et plantation d'arbres utiles pour l'homme et le sol, tels sont les buts de l'agroforesterie. Face à la dégradation des sols et à la baisse des rendements, l'arbre, trop souvent oublié, a un grand rôle à jouer. Il peut... | en |
dcterms.accessRights | Limited Access | |
dcterms.bibliographicCitation | CTA. 1988. L?arbre, un outil de production à redécouvrir. Spore 14. CTA, Wageningen, The Netherlands. | en |
dcterms.description | Concilier agriculture et plantation d'arbres utiles pour l'homme et le sol, tels sont les buts de l'agroforesterie. Face à la dégradation des sols et à la baisse des rendements, l'arbre, trop souvent oublié, a un grand rôle à jouer. Il peut devenir un véritable outil d'aide à la production. Dans de nombreux pays ACP, les arbres coupés pour les besoins du défrichement ou les usages domestiques, disparaissent petit à petit du paysage agraire. Or, si l'agriculture aux sols riches des pays tempérés peut se passer de l'arbre, la préservation des sols tropicaux et de leur productivité nécessite la conservation des espèces ligneuses. Aussi porte-t-on depuis une dizaine d'années un intérêt croissant à l'agroforesterie. Recouvrant aussi bien des pratiques traditionnelles que des systèmes nouveaux, ce terme, d'emploi récent, désigne tous les modes de culture où les arbres sont délibérément laissés en place ou plantés sur les champs cultivés ou pâturés. Un peu partout, la croissance démographique accrue a accentué la _ pression sur les terres. Pour survivre, les agriculteurs ont dû raccourcir les périodes de jachère des terres agricoles, empiéter davantage sur la forêt dans les régions humides et surexploiter les pâturages. La strate arable du sol s'est considérablement appauvrie, la régénération du sol ne se fait plus. Les sols, souvent fragiles, sont épuisés et érodés, les rendements des cultures baissent fortement. Accroître et diversifier les productions tout en préservant les capacités productives des terres, tels sont les buts de l'agroforesterie. Car, si les arbres procurent aux agriculteurs des fruits et du bois, ils assurent surtout le maintien de la fertilité des sols. En effet, les racines des arbres puisent en profondeur les éléments nutritifs qui ne sont généralement pas accessibles aux cultures annuelles. Les feuilles mortes tombées des arbres les restituent au sol en se décomposant. Elles apportent aussi la matière organique indispensable et agissent comme un paillis qui retient l'humidité du sol et évite l'érosion. Les arbres légumineux qui fixent l'azote atmosphérique, tels le leucaena, peuvent accroître considérablement la fertilité des sols où ils poussent. Les racines contribuent à fixer la terre et modifient sa structure. En créant des canaux, elles améliorent son aération et sa perméabilité. L'association d'arbres et de cultures annuelles de hauteur différente présente d'autres avantages. Elle couvre plus complètement le sol -ce qui limite l'érosion- et chacune des strates profite au mieux de l'ensoleillement. Le couvert arboré modère les températures extrêmes : il empêche un refroidissement trop brutal du sol la nuit et protège les cultures des chaleurs excessives de la journée. A long terme, ces effets bénéfiques sont primordiaux pour la conservation des écosystèmes fragiles. Mais ces bénéfices n'apparaissent pas immédiatement évidents pour les agriculteurs. Pour les inciter à intégrer l'arbre dans leurs systèmes de culture, il faut proposer des espèces à usages multiples : bois de feu ou bois d'oeuvre, fruits ou noix comestibles, fourrage pour les animaux ou tuteurs pour les légumes grimpants... Des systèmes agro forestiers variés L'importance relative des composants de l'association -arbres, cultures ou élevage- différencie les pratiques agro forestières traditionnelles. Les célèbres jardins forêts de Java sont l'exemple de la plus complète imbrication. Dans ces régions très densément peuplées, les paysans ont su préserver, entre les rizières, des zones arborées indispensables à leur survie. Toutes sortes de plantes, cultivées de façon intensive, se côtoient dans ces jardins dont la composition est proche de celle de la forêt naturelle. Les cultures vivrières annuelles (maïs, légumes, patate douce...) poussent en association avec des cultures commerciales comme le café ou les épices, au milieu d'essences pérennes qui procurent des fruits, des fibres, des médicaments mais aussi le bois d'oeuvre et le combustible. Les feuilles d'arbre et l'herbe qui pousse sous les ombrages sont un excellent fourrage pour le petit bétail. D'autres types d'associations, certes moins sophistiqués, se retrouvent dans les jardins créoles et les jardins de case de l'Afrique de l'Ouest où de petites surfaces suffisent à satisfaire les besoins de chaque famille. Les cultures de rente, cacao ou café, profitent également de ces combrières naturelles. Lorsque l'agriculture est itinérante ou semi itinérante, arbres et cultures poussent, cette fois-ci, en alternance sur la même terre. Sur les parcelles défrichées où quelques grands arbres sont parfois laissés en place, les cultures s'installent pour quelques années. Puis, une longue jachère permet à la végétation ligneuse de repousser tandis que la terre reconstitue ses réserves. Ce système de culture, encore largement pratiqué en Afrique et dans le Pacifique, est actuellement remis en cause. En effet, la jachère, indispensable à la pérennité du système, y est fortement réduite et a même disparu dans certaines régions sous la pression de la demande de terres cultivables. Erosion et baisse de fertilité ont fait leur apparition. Bien des espèces ne repoussent pas dans les forêts de plus en plus clairsemées, privant les villageois des produits dont ils ont besoin. Dans les zones sèches, de nombreux arbres, jusqu'alors préservés dans les champs comme le néré, le karité ou les acacias gommiers ont disparu. Sécheresse et crise du bois de feu ont également eu raison des grands arbres des zones humides. Le plus ancien système agroforesterie volontairement institué remonte à 1850. Il a été mis en place en Birmanie pour reboiser à moindre coût les pentes dénudées par les exploitations forestières. Des terres sont allouées aux paysans. Ils sont tenus d'y planter des espèces forestières mais peuvent, en contrepartie, cultiver des plantes vivrières jusqu'à la formation de la voûte de feuillage (pendant un à trois ans). La présence de cultures permet de limiter la croissance des mauvaises herbes durant les premières années de plantation. Arbres et cultures cohabitent quelques années puis les arbres reprennent leurs droits jusqu'à la prochaine coupe. Ce système a été adopté depuis dans plusieurs régions d'Afrique et d'Amérique du Sud et surtout d'Asie. En Afrique de l'Ouest, il a été utilisé dans les années cinquante pour établir des plantations industrielles de bois d'oeuvre. Bien qu'il profite aux forestiers comme aux petits agriculteurs pauvres, ceux-ci se plaignent d'avoir à changer trop fréquemment de terre. Certains ont même été jusqu'à mutiler volontairement des arbres pour diminuer l'ombrage. De nouvelles méthodes Aujourd'hui, il est urgent de rechercher des systèmes de production qui préservent à la fois les intérêts des paysans et le milieu. Mais améliorer et développer les systèmes agro forestiers exige une approche globale, très différente de celle pratiquée par les agronomes et les forestiers de formation classique. C'est une nouvelle discipline qui exige d'autres méthodes d'investigation. Chercheurs, vulgarisateurs et décideurs doivent en effet améliorer la production de ces systèmes tout en assurant la pérennité des ressources naturelles. Ils doivent prendre en compte les lois et les coutumes locales sur la propriété des terres et des forêts. Ainsi, dans de nombreuses régions, l'arbre est considéré comme un marqueur de terre. En planter revient à se considérer propriétaire de la parcelle durant toute la vie des arbres. Il faut donc préalablement en avoir obtenu l'usufruit du chef de village. Si la recherche dispose de toutes les données nécessaires sur les cultures, les arbres n'ayant jamais fait l'objet de plantation sont généralement méconnus des agronomes. Les études ont surtout porté sur le leucaena, quelques acacias, le glyricidia et le calliandra. Les interactions tant écologiques qu'économiques qui existent entre les cultures et les arbres ont été encore moins explorées. De nombreux champs de recherche restent ouverts. Installé à Nairobi depuis 1978, le Centre International pour la Recherche en Agroforestel'ie (ICRAF) joue, malgré des moyens humains limités, un rôle clef dans la mise en oeuvre de ces nouvelles conceptions de l'agroforesterie. Afin d'aider les chercheurs à enquêter sur les systèmes existants et à définir des priorités de recherche, l'CRAF a développé une approche appelée en anglais « d´& D », dia gnosis and design. Durant la phase de diagnostic, des équipes pluridisciplinaires discutent avec les agriculteurs pour cerner leurs besoins vitaux (alimentation, énergie, habitat ou revenu monétaire). Ils examinent également l'impact du système de production en place sur l'écosystème. Lors de l'élaboration du projet, ils suggèrent aux agriculteurs des améliorations qu'ils peuvent immédiatement adopter. Ils en profitent pour identifier les problèmes plus graves qui exigent la mise au point de nouvelles techniques. Pour une nouvelle agroforesterie L'ICRAF n'est pas la seule institution à s'intéresser à l'agroforesterie. Au Nigéria, l'Institut International d'Agriculture Tropicale (IITA) et le Centre International Pour l'Elevage en Afrique (CIPEA) testent et développent depuis quelques années la culture en allées ou en couloirs. Originaire d'Asie, cette nouvelle approche permet aux agriculteurs d'obtenir de meilleurs rendements sans avoir à défricher régulièrement de nouvelles parcelles. Dans ce système, les cultures vivrières sont plantées en bandes intercalées entre des rangées d'arbres ou d'arbustes. Ces arbres à croissance rapide sont taillés comme des haies durant la période de croissance des cultures. Les branches et les feuilles sont étalées sur le sol pour le fertiliser. Elles peuvent aussi servir à l'alimentation des petits ruminants. Si, en revanche, l'agriculteur a besoin de bois de feu ou de construction, il peut laisser grandir les arbres. La culture en allées maintient ainsi la fertilité des sols, traditionnellement assurée par la jachère, tout en permettant, sur la même parcelle, la culture de plantes vivrières. La culture en couloirs ne relève plus aujourd'hui seulement de la recherche. Elle a été adoptée par plusieurs villages du Sud-Ouest du Nigéria à la grande satisfaction des agriculteurs. Mais les chercheurs ont été extrêmement surpris, même quelque peu choqués, lorsqu'ils ont découvert que les agriculteurs avaient préféré cultiver sous les arbres des plantes hautement compétitives comme l'igname, le melon ou le manioc plutôt que le maïs préconisé. Les arbres ont malgré tout survécu. Les chercheurs ont ainsi réalisé que les arbres pouvaient bien mettre six mois ou deux ans à pousser, ceci n'avait pas d'importance pourvu qu'ils soient bien adaptés aux systèmes de production. Plusieurs espèces d'arbres ont été testées : leucaena pour son fourrage (voir SPORE n°8) et glicirida pour sa forte teneur en azote sont les plus recommandés. D'autres, comme le calliandra, facile à émonder et qui donne un bon bois de chauffe, sont en cours d'expérimentation. La culture en couloirs est actuellement le système le plus au point mais d'autres techniques agroforestières sont à l'étude. Ces solutions devront être capables de s'adapter à des conditions écologiques, économiques et sociales très variables. C'est dans cet esprit que la plantation de ligneux, spécialement des légumineuses comme le leucaena, est préconisée pour améliorer la fertilité des terres durant la jachère. Des arbres disposés comme brisevent autour des champs ou plantés au coeur des villages, apportent aux agriculteurs le bois et certains produits (alimentaires, pharmaceutiques...) dont ils ont besoin. Sur les pâturages, des espèces ligneuses soigneusement choisies peuvent apporter un complément de fourrage en saison sèche. Quelles que soient les solutions adoptées ou les plantes choisies, l'agroforesterie ne pourra se développer que si les besoins des agriculteurs et les contraintes qu'ils subissent sont prises en compte. L'histoire, récente, de l'agroforesterie montre que, plutôt que de chercher à implanter des systèmes « parfaits » sur le papier, il s'avère plus efficace de travailler avec les paysans et, avec eux, de réfléchir en marchant. BIBLIOGRAPHIE Steppler, H.A. et P.K.R.Nair, 1987. Agroforestry : a Decade of Development. ICRAF, Nairobi. Beets, W, 1986. The Potential Role of Agroforestry in ACP States : A State-ofthe-Art. CTA, Wageningen. ICRAF Newsletter. Subscription free contributions and letters welcome. ICRAF, P.O Box 30677, Nairobi, KENYA. | en |
dcterms.isPartOf | Spore | en |
dcterms.issued | 1988 | |
dcterms.language | fr | |
dcterms.publisher | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
dcterms.type | News Item |