Les paysans à la conquête de leurs radios
cg.contributor.affiliation | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
cg.howPublished | Formally Published | en |
cg.identifier.url | https://hdl.handle.net/10568/99670 | en |
cg.issn | 1011-0046 | en |
cg.journal | Spore | en |
cg.number | 97 | en |
cg.place | Wageningen, The Netherlands | en |
dc.contributor.author | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
dc.date.accessioned | 2015-03-26T12:16:21Z | en |
dc.date.available | 2015-03-26T12:16:21Z | en |
dc.identifier.uri | https://hdl.handle.net/10568/63258 | |
dc.title | Les paysans à la conquête de leurs radios | fr |
dcterms.abstract | Libérer la parole paysanne ! C’était le mot d’ordre de la communication pour le développement dans les années 80. Y sommes-nous parvenus ? Pas toujours… mais les radios rurales et communautaires relèvent le défi.Au début des années 60,... | en |
dcterms.accessRights | Open Access | |
dcterms.bibliographicCitation | CTA. 2002. Les paysans à la conquête de leurs radios. Spore, Spore 97. CTA, Wageningen, The Netherlands | en |
dcterms.description | Libérer la parole paysanne ! C’était le mot d’ordre de la communication pour le développement dans les années 80. Y sommes-nous parvenus ? Pas toujours… mais les radios rurales et communautaires relèvent le défi. Au début des années 60, les radios nationales qui s’implantent dans les pays indépendants d’Afrique s’adressent essentiellement aux élites urbaines. Aux auditeurs du monde agricole, elles diffusent quelques causeries destinées à ' conduire les masses rurales vers la modernité ' et des conseils pour améliorer la production des cultures de rente : coton, arachide ou café. Dans les villages, on capte ces radios collectivement lors de radio-clubs ou de radio forums encadrés par des vulgarisateurs. Au cours des années 70, les radios nationales se décentralisent en créant des stations régionales. Equipées en matériel mobile, les équipes de production vont à la rencontre des producteurs sur leur terrain : les radios rurales sont nées. Avec une communication qui gagne en proximité et en diversité, elles s’installent dans les grilles de programmes nationaux et réussissent parfois à disposer d’émetteurs autonomes. Les vrais changements, c’est pour le début des années 80, avec l’apparition des premières radios communautaires, centrées sur les besoins des communautés et gérées par celles-ci. Une décennie plus tard, la vague de démocratisation des régimes politiques de nombreux pays d’Afrique entraîne la libéralisation des ondes. Face aux chaînes nationales, des radios associatives et communautaires font souffler un vent nouveau sur les ondes. FM mania Les premières radios ' libres ' apparaissent dans les grands centres urbains du Burkina Faso, du Mali, d’Afrique du Sud, de Madagascar, par exemple. Très vite, les petites stations pointent leur micro dans les zones rurales. Comme elles s’adressent aux auditeurs dans leur langue respective, leur succès est d’autant plus fulgurant qu’après des années de radio de propagande, le besoin d’expression libre est intense. Toutefois, la formation des animateurs, des producteurs et des techniciens est insuffisante. Les moyens de production sont médiocres, les pannes d’émetteurs fréquentes et les ressources financières limitées. Faute d’expérience et de moyens, la plupart de ces radios se contentent de diffuser de la musique. Pour répondre à la demande d’auditeurs de plus en plus exigeants sur le contenu comme sur la qualité des programmes, les radios de proximité se structurent en associations ou en réseaux. Parallèlement, des formations sont mises en place par des institutions comme le Centre interafricain d’études en radio rurale (CIERRO) de Ouagadougou au Burkina Faso et plusieurs partenaires de la coopération qui se mobilisent pour aider le secteur à se professionnaliser. Cet appui prend notamment la forme de banques de programmes, pour permettre aux radios rurales et communautaires d’enrichir leurs grilles avec des éléments sonores sur les principaux thèmes du développement. Ce type de dispositif est mis en place par le CTA, l’Institut Panos, le Réseau des radios rurales des pays en développement (RRRPD), l’Agence Syfia et Radio Nederland. Le laboratoire de la démocratie locale ' La radio est à l’écoute de ses auditeurs, assure le directeur de la radio Kafokan, à Bougouni, dans la zone cotonnière du Mali. Elle va au-devant de leurs préoccupations. Il arrive même qu’ils insultent la compagnie d’exploitation du coton CMDT. On fait écouter ces enregistrements aux responsables et ils répondent. ' Pour peu qu’elles soient dotées de moyens élémentaires en formation ou en production, les radios rurales deviennent — notamment dans les villages isolés où il n’y a ni services publics, ni électricité, ni téléphone — de véritables laboratoires de la démocratie locale. Les producteurs agricoles y trouvent des conseils, des informations sur les marchés et la météo. Les jeunes et les femmes y expriment leurs points de vue. Les chercheurs et les vulgarisateurs y dialoguent avec les agriculteurs et les éleveurs. On y développe des campagnes sur la santé ou les droits civiques. Les anciens, les musiciens, les conteurs y valorisent le patrimoine des terroirs… Ailleurs, là où le paysage radiophonique est encore dominé par l’État, l’évolution est plus lente : les radios rurales y sont surtout des outils de vulgarisation agricole. Mais l’heure est à l’innovation un peu partout. En Afrique du Sud, les réseaux des radios communautaires, traditionnellement axés sur les problèmes des townships, s’ouvrent désormais au monde rural et abordent des thèmes ' chauds ' comme la réforme agraire et la restitution des terres aux paysans, ou l’utilisation des organismes génétiquement modifiés (OGM) et des produits chimiques. Le Programme Development Through Radio (DTR) à Harare (Zimbabwe) se propose de faciliter l’accès des femmes rurales aux médias. Il s’étendra bientôt à dix pays africains. La radio rurale du Ghana s’est engagée à dépasser la vieille structure des forums radiophoniques et incite les auditeurs à créer des radios communautaires en FM, gérées par leurs associations et coopératives. Au Nigeria, alors que la poigne de l’État sur les médias se desserre, une ONG, l’Institut pour les médias et la société (IMS), lance une grande initiative pour susciter la création de radios communautaires en milieu rural. Résoudre les problèmes urgents TL’amélioration des moyens de production, le renforcement des réseaux qui facilitent la formation des animateurs, des techniciens et producteurs, la mise en place d’outils de mesure sur l’impact des programmes auprès des auditeurs, tels sont les principaux axes sur lesquels une radio locale doit développer ses efforts pour s’assurer une certaine longévité. Une longévité qui repose essentiellement sur son autonomie financière, sur son aptitude à mobiliser des partenaires économiques à travers de véritables stratégies de marketing, tout en préservant son indépendance éditoriale, élément clé de sa crédibilité. Une longévité qui dépend aussi de sa capacité à s’approprier les technologies modernes de l’information et de la communication — production numérique, exploitation de programmes reçus par satellite ou par cédérom, Internet, téléphonie mobile… Comment allier radio rurale et nouvelles technologies ? La question était à l’ordre du jour de l’atelier organisé par la FAO à Rome en février 2001, sur le thème : ' Les nouvelles technologies de l’information et de la communication au service de la radio rurale : nouveaux contenus, nouveaux partenariats '. ' La radio rurale , c’est l’Internet des paysans ', affirme Jean-Pierre Ilboudo, spécialiste de la communication pour le développement. C’est à travers la radio, sans la contrainte de la lecture et dans leur langue, que les communautés rurales cherchent à accéder à l’information et aux savoirs extérieurs. Le nouveau défi des responsables des radios rurales est donc bien de s’approprier les nouvelles technologies de l’information et de la communication afin de capter l’information et de la restituer dans une forme adaptée aux spécificités socioculturelles de leurs auditeurs. Reste à réduire le fossé numérique encore très présent en milieu rural ! Plusieurs efforts sont déployés en ce sens. À Ouagadougou, l’Agence internationale de la francophonie, en collaboration avec le CIERRO, a créé un centre de formation et de production audionumérique, une banque de programmes, une centrale d’achats et un centre de coproduction à distance destinés à appuyer la cinquantaine de radios rurales réparties dans dix pays d’Afrique francophone. En Afrique de l’Ouest, l’Institut Panos a développé une banque de programmes en ligne au service des radios africaines et propose un programme de formation aux nouvelles technologies de l’information et de la communication dédié aux radios communautaires du Sénégal. Dans le cadre de ses actions contre l’insécurité alimentaire, la FAO a lancé avec l’Association mondiale des radios communautaires (AMARC) et le Réseau des radios rurales des pays en développement (RRRPD) une initiative conjointe pour constituer un réseau mondial des radios communautaires. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a mis en place, en collaboration avec le gouvernement du Niger, un programme pilote de mobilisation de l’information et du savoir pour lutter contre la pauvreté. Ce programme prévoit d’implanter, dans les zones les plus déshéritées du pays, des radios communautaires et des centres d’information pour le développement avec accès à Internet, le tout alimenté par l’énergie solaire! Des initiatives similaires sont prévues pour d’autres pays africains. Nous n’avons pas assez de recul pour évaluer la pertinence et l’efficacité de ces dispositifs. Toutefois, il faut éviter d’avancer à marche forcée et de se laisser griser par la toute-puissante technologie. Ce serait au détriment de ce qui fait aujourd’hui la force des radios rurales : leur proximité, leur capacité à accompagner les communautés sur le chemin de leur émancipation. À leur rythme. En tous cas, pour les esprits chagrins qui prédisaient la fin de la radio rurale dans les années 80, qu’ils sachent qu’elles se portent mieux que jamais… Bonne chance à la radio rurale ! Une fiche d’information contenant une liste de publications, de guides et de contacts est disponible avec l’édition en ligne de cet article : www.agricta.org/Spore/spore97/ spore97f_dossier.html et auprès de Spore, PO Box 121, 6700 AC, Wageningen, Pays-Bas [caption] Avec vous, pour vous, la radio c’est vous. Alors, à vous de causer ! | en |
dcterms.isPartOf | Spore | en |
dcterms.issued | 2002 | |
dcterms.language | fr | |
dcterms.publisher | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
dcterms.type | News Item |