Produits tropicaux : la concurrence vient d'Asie
cg.contributor.affiliation | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
cg.howPublished | Formally Published | en |
cg.issn | 1011-0046 | en |
cg.journal | Spore | en |
cg.number | 26 | en |
cg.place | Wageningen, The Netherlands | en |
dc.contributor.author | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
dc.date.accessioned | 2015-03-19T13:49:53Z | en |
dc.date.available | 2015-03-19T13:49:53Z | en |
dc.identifier.uri | https://hdl.handle.net/10568/59269 | |
dc.title | Produits tropicaux : la concurrence vient d'Asie | fr |
dcterms.abstract | En dépit des mécanismes mis au point par la Convention de Lomé, les pays ACP perdent des parts de marché sur les grands produits agricoles tropicaux. Hier, l'huile de palme, aujourd'hui le café et le cacao, demain le coton ? Chaque fois, ce... | en |
dcterms.accessRights | Limited Access | |
dcterms.bibliographicCitation | CTA. 1990. Produits tropicaux : la concurrence vient d'Asie. Spore 26. CTA, Wageningen, The Netherlands. | en |
dcterms.description | En dépit des mécanismes mis au point par la Convention de Lomé, les pays ACP perdent des parts de marché sur les grands produits agricoles tropicaux. Hier, l'huile de palme, aujourd'hui le café et le cacao, demain le coton ? Chaque fois, ce sont des pays asiatiques qui marquent des points. Plutôt que de se résigner, les pays africains peuvent redresser la barre en misant sur leurs avantages naturels et ... en s'inspirant des succès asiatiques. in 1987, les cours des matières premières tropicales exportées par l'Afrique étaient revenus au niveau de 1961.Une difficulté supplémentaire pour des économies endettées qui dépendent largement de ces recettes d'exportation. En 1989, seul le coton n'a pas connu une nouvelle baisse : le café et le cacao ont perdu, en moins d'un an, 40% de leur valeur. Les causes en sont bien connues : surproduction mondiale, échec des accords internationaux de stabilisation des prix... Pourtant, dans ce cadre économique international difficile, la Malaisie, l'Indonésie, le Pakistan et la Thaïlande continuent de gagner des parts de marché... souvent aux dépens des pays ACP. Spécialité africaine dans les années 50, l'huile de palme est aujourd'hui asiatique. Avec 2% des exportations mondiales, l'Afrique fait pâle figure à côté de la Malaisie et de l'Indonésie qui monopolisent 95% du marché. Sur le front du cacao, la Côte d'Ivoire s'affiche aujourd'hui comme le premier exportateur mondial. Mais, depuis quelques années, les «dragons agricoles» asiatiques jouent les trouble-fête, contribuant à la surproduction mondiale et à la chute des prix. Sur le marché international du café, c'est l'Indonésie qui marque chaque année des points avec son robusta particulièrement bon marché, un type de café qui est une spécialité des pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre. Si les statistiques du commerce international confirment cette percée des pays asiatiques, il reste cependant difficile d'apprécier avec précision la compétitivité respective des pays asiatiques et des pays ACP. Certes, on peut se contenter d'une constatation simple : si un pays gagne des parts de marché, c'est que son produit est moins cher. Encore faut-il savoir sur quels avantages et sur quels postes des coûts de production se fonde la compétitivité de ce pays. Pour mieux comprendre les vraies raisons, il faut donc décomposer le coût du produit depuis le champ jusqu'au moment où il arrive dans le port du pays importateur. Prendre en compte, non seulement la productivité du travail et du capital, mais aussi l'environnement économique dans lequel opère le producteur ou l'entreprise est aussi nécessaire : monnaie, taux de change, facilités d'importation, subventions à l'exportation, état des infrastructures de transport, ... Autant de données quine sont pas toujours disponibles et nécessitent souvent de longues années de recherche. production ainsi obtenus ne reflètent pas toute la diversité des situations mais permettent de déterminer les postes qui rendent un pays plus compétitif. C'est à partir d'études de cas (huile de palme, cacao, ananas, coton) que l'on peut identifier les avantages respectifs des pays ACP et de l'Asie dans la compétition internationale. Huile de palme regagner un marché perdu Selon une étude de la Caisse Centrale de Coopération Economique (France), en 1987 une tonne d'huile de palme revenait à 2 700 FF en Côte d'Ivoire et à 3 600 FF au Cameroun contre seulement... 700 FF en Indonésie et 1 100 FF en Malaisie. Comment peut-on expliquer un tel écart de compétitivité sur un produit qui fut, dans les années 50, une spécialité africaine ? L'Asie du Sud-Est dispose d'un atout de taille : le rendement des palmiers à huile y est, en moyenne, une fois et demie à deux fois plus élevé qu'en Afrique. Cependant, certaines plantations africaines installées dans les régions les plus propices à cette culture, soutiennent la comparaison avec la plupart des plantations malaises. Depuis vingt-cinq ans, la Malaisie et l'Indonésie n'ont cessé d'étendre leurs plantations. Mais aussi, et c'est peut-être là leur secret, la politique de rajeunissement et d'entretien a été menée avec régularité. Cela a permis une bonne planification de la production et l'obtention d'un rendement régulier. Car le palmier à huile, plante pérenne, ne commence à produire qu'au bout de trois ans.. En revanche, par manque de régularité et d'entretien des plantations, de nombreuses huileries africaines ne tournent pas à plein régime. Cette sous-utilisation de la capacité de transformation est un grave problème pour les usines, souvent achetées à crédit à l'étranger. Selon la CCCE, les huileries africaines disposent souvent d'installations modernes mais surdimensionnées, ce qui entraîne des frais financiers élevés, quasiment nuls en Asie. Autres avantages asiatiques, la souplesse et une gestion serrée des coûts de production. Les Asiatiques, qui exportent l'essentiel de leur production, savent qu'il en va de leur survie face à la redoutable concurrence de l'huile de soja américaine et brésilienne. Les sociétés africaines, essentiellement publiques ou para-étatiques, ont une gestion centralisée qui contraste avec l'autonomie des plantations asiatiques. Une société ivoirienne dispose d'un cadre pour 46 ha de plantations contre un pour 406 ha dans la plantation malaise de référence. De même, elle possédait encore récemment 521 camions et 349 véhicules légers pour l'encadrement et le transport de la production. En Malaisie, les techniciens se déplacent en vélomoteur et la collecte est sous-traitée à des transporteurs privés. Mais, selon la CCCE, lorsqu'une plantation africaine maîtrise correctement les opérations d'entretien et de récolte et obtient des rendements suffisants pour faire tourner les usines, les coûts directs de production de la tonne d'huile sont relativement proches de la moyenne asiatique. La différence de politique de commercialisation explique, en grande partie, l'avantage asiatique sur le marché international. En Afrique, c'est le marché intérieur qui constitue le véritable débouché de la production. Ce marché est protégé des fluctuations internationales grâce à des prix aux producteurs et à la consommation fixés par l'administration et bien supérieurs au prix mondial. A l'abri de la protection étatique, l'Afrique n'était guère incitée à se risquer véritablement sur le marché international. Protection de l'Etat : à double tranchant En Malaisie, l'Etat laisse jouer la concurrence pour la fixation du prix des régimes et de l'huile brute mais il n'est pas pour autant absent. Aux producteurs, aux huiliers et aux raffineurs de s'adapter au prix mondial. Corollaire de ce libéralisme, l'Etat ne cherche pas à prélever des impôts sur la filière comme c'est souvent le cas en Afrique. Sacro-saint principe en Malaisie : les taxes ne doivent pas nuire à la compétitivité de l'huile de palme. Entre 1977 et 1987, les exportations des produits du palmier ont été multipliées par trois et pourtant les taxes ont baissé de 340 à 18 millions de dollars malais. En Asie, l'Etat encourage même, parle biais de la fiscalité, l'exportation de produits transformés industriellement. Les taxes à l'exportation sont d'autant plus faibles que le produit est mieux transformé. Les exportateurs ont donc délaissé l'huile brute pour se concentrer sur l'huile raffinée et les produits dérivés (oléine et stéarine) à plus forte valeur ajoutée. Pour gagner la bataille de l'exportation, estiment les experts, les producteurs et les huiliers africains doivent pouvoir compter sur des exemptions fiscales. Une décision difficile en période de restriction budgétaire. Mais le choix le plus délicat reste sûrement l'alignement des prix intérieurs sur les prix mondiaux. Dans le contexte actuel, cela signifierait une baisse du prix aux producteurs. Certains pays ACP ont déjà adopté une telle stratégie pour d'autres produits. En Côte d'Ivoire, depuis 1983, le prix du caoutchouc pour les plantations villageoises repose sur un prix garanti relativement modeste. En revanche, si le prix de vente à l'exportation s'avère favorable, les producteurs reçoivent une prime. Cacao : préserver la compétitivité Si la bataille pour la reconquête du marché mondial de l'huile de palme n'est pas gagnée d'avance, l'Afrique bénéficie encore d'une position dominante sur le marché du cacao. La Côte d'Ivoire, premier exportateur mondial avec une production de 800 000 t, domine le marché mondial depuis la fin des années 70. Mais, là encore, le danger vient de Malaisie. Aujourd'hui troisième producteur mondial, ce pays a exporté l'année dernière 200 000 t de cacao. Le «boom» du cacao en Malaisie date de la fin des années 70, à la faveur de la hausse du prix international. La production cacaoyère a grimpé de 90 000 à 250 000 t en cinq ans. La Malaisie se donne officiellement encore cinq ans pour atteindre 600 000 t et ne semble pas craindre, du moins officiellement, les bas prix actuels. Selon les enquêtes menées par le Centre International de Recherche en Agronomie pour le Développement (CIRAD), la Côte d'Ivoire dispose de sérieux atouts dans cette guerre commerciale. Alors que les plantations industrielles (de 100 à 10 000 ha) fournissent 60% de la production en Malaisie, 90% de la production ivoirienne reposent sur de petites exploitations (5 à 15 ha) qui affichent de faibles coûts de production. Les petites exploitations ivoiriennes, peu exigeantes en capital et fondées sur le travail familial, sont nettement plus compétitives que les grandes plantations industrielles malaises. Favorisé par un bon équilibre entre le sol et le climat, ni trop sec, ni trop humide, le planteur ivoirien produit du cacao à environ 125 FCFA/kg. «En Malaisie, la main-d'oeuvre beaucoup plus chère et les traitements phytosanitaires fréquents se traduisent par un coût de production environ deux fois plus élevé», souligne François Ruff du CIRAD. En revanche, les politiques d'exportation des deux pays diffèrent sensiblement. En Malaisie, il n'existe pas de prix garanti aux producteurs. Le producteur malais lit chaque matin le cours mondial du cacao dans le journal et négocie avec les intermédiaires. L'Etat ne prélève de taxes à l'exportation qu'en cas de prix mondiaux très élevés. Jusqu'en juillet 1989, la Côte d'Ivoire garantissait à ses producteurs un prix de 400 FCFA/kg. Il fallait ajouter une taxe prélevée par le Trésor et les coûts de transports jusqu'au port, plus élevés qu'en Malaisie. Soit environ 550 FCFA/kg chargé dans le bateau à Abidjan : un prix de revient incompatible avec les 430 FCFA payés à l'époque par le marché international. En octobre 1989, le gouvernement ivoirien a dû baisser le prix garanti aux producteurs de 400 à 200 FCFA, ce qui a permis de rétablir la compétitivité du cacao ivoirien. Le Cameroun, à son tour, s'est engagé récemment dans une politique similaire. Pour faire face à la guerre des prix, la Côte d'Ivoire dispose d'un autre avantage : la qualité de son cacao. Mais la Malaisie mise clairement sur l'amélioration qualitative du sien. En Côte d'Ivoire, la fermentation artisanale se fait avec des feuilles de bananier, suivie d'un simple séchage solaire. Les plantations industrielles malaises ont recours à des caisses de fermentation et à des procédés de séchage artificiel. Théoriquement, ce procédé technique doit donner le même résultat mais, pour des raisons encore mal connues, la fève malaise est trop acide et a mauvais goût. La seule qualité du cacao ivoirien ne suffit cependant pas pour lui garantir très longtemps 40% du marché mondial. La chimie alimentaire est aujourd'hui suffisamment maîtrisée pour permettre aux chocolatiers de gommer à terme les défauts du cacao malais. Coton : de bonnes performances techniques Véritable culture stratégique dans la zone soudano-sahélienne, le coton avait le vent en poupe jusqu'à la chute brutale des cours mondiaux à partir de 1984. La croissance de la production en Afrique francophone était alors souvent citée en exemple : de 129 000 t à 1250 000 t entre 1961 et 1988. Chute des prix oblige, les experts ont dû se pencher sur la compétitivité du coton africain face à son principal concurrent asiatique, le Pakistan, où les coûts de production sont considérés comme les plus bas du monde. Sur le plan technique, des pays comme le Mali et la Côte d'Ivoire supportent facilement la comparaison avec le Pakistan. Grâce à des usines d'égrenage modernes, le rendement à l'égrenage est excellent en Afrique, détenteur du record mondial. En 1985/86, le rendement fibre était respectivement de 482 et 538 kg/ha pour les pays africains et de 415 kg/ha pour le concurrent asiatique. Ces bonnes performances techniques africaines se reflètent dans le coût de production de la fibre de coton. Selon les études du Ministère français de la coopération et du développement, en 1985/86, le kilo de fibre de coton revenait, hors encadrement, à 466 FCFA au Pakistan contre 403 au Mali et 472 en Côte d'Ivoire. Le Pakistan marque des points sur les frais de collecte (cinq fois moins élevés qu'en Afrique) et les frais d'usine (deux fois moindres qu'en Côte d'ivoire et trois fois moindres qu'au Mali, pays enclavé). En revanche, les pays africains se rattrapent sur les rendements à l'égrenage. Pour rétablir sa compétitivité chancelante, le Pakistan ri a pas hésité l'année suivante à dévaluer fortement sa monnaie et à diminuer le prix d'achat aux producteurs de 116 à 82 FCFA/kg de coton graine. Ces deux mesures lui ont permis de ramener le coût de production de la fibre à 342 FCFA/kg, soit 25% moins cher que le coton africain. Cette stratégie, typique des économies asiatiques, a obligé les responsables africains à de gros efforts d'amélioration de la gestion des filières du coton puis à une baisse des prix d'achat aux paysans. Cette rapidité d'adaptation aux signaux du marché international est sans aucun doute le principal atout des «dragons» asiatiques. Sur le plan technique, les pays africains tiennent la comparaison et offrent même parfois un meilleur produit (cacao et coton). Mais, en période de baisse des prix, les pays asiatiques adaptent plus rapidement leurs prix, évitant d'accumuler des pertes souvent supportées en Afrique par les finances publiques. Le défi des années 90 Les exemples récents du cacao, du café, du coton et du caoutchouc prouvent que les dirigeants des pays ACP savent également baisser les prix aux producteurs quand les prix internationaux s'effondrent. Une décision indispensable pour les finances publiques, mais dont les conséquences réelles sur la production sont encore mal maîtrisées. Le problème se pose avec d'autant plus d'acuité pour des cultures pérennes comme le café et le cacao. Comment les paysans peuvent-ils financer le rajeunissement indispensable des plantations en période de baisse des prix, et donc du revenu ? Avec le STABEX, la Convention de Lomé offre un instrument unique au monde pour amortir les fluctuations des marchés internationaux. Ce fonds de garantie des recettes d'exportation agricoles des pays ACP prête de l'argent aux pays exportateurs victimes d'une baisse conjoncturelle des cours mondiaux. Mais, faute de ressources suffisantes, il a honoré à peine la moitié de ses engagements en 1987 et 1988. Pour faire face au marasme actuel des marchés de matières premières, la CEE a décidé de porter les fonds du STABEX de 6,4 à 10,4 milliards de francs dans la nouvelle Convention de Lomé. Mieux, les pays les moins pauvres, à l'instar des pays les plus démunis, ne devront plus rembourser les compensations financières. Dans le cadre de Lomé IV, les fonds du STABEX seront utilisés plus rigoureusement, en priorité pour relancer les productions; il s'agit de restaurer la compétitivité de l'agriculture en difficulté et diversifier les exportations agricoles. En maintenant leurs performances techniques tout en s'inspirant de la souplesse asiatique, les pays ACP devraient reconquérir, si ce n'est accroître, leur place dans le commerce agricole mondial. BIBLIOGRAPHIE • BARBIER (J.P.). - Réflexions sur la compétitivité Afrique-Asie. - Paris : Caisse Centrale de Coopération Economique. 1989. • COSTE (R.). - La Malaisie peut, à court terme, compromettre l'économie des pays africains producteurs de cacao. - In : Marchés Tropicaux, Paris. - 3 juin 1988. • HIRSCH (R.) et BENHAMOU (J.F.). - Etude comparative technique et économique de production de l'huile de palme en Afrique et en Asie. - Paris : Caisse Centrale de Coopération Economique. - 1989. • JARRIGE (F.) et RUFF (F.). - Comprendre la crise du cacao. - Montpellier : CIRAD, Xème séminaire d'économie et de sociologie. -11/15 Septembre 1989. MOLL (H.A.J.). - The economics of oil palm. -Wageningen : PUDOC, Economics of crops in developing countries n°2. - 1987. -Ministère Français de la Coopération et du Développement. - Le coton en Afrique de l'Ouest et du Centre : situation et perspectives. - Paris, 1987 (Actualisation à paraître en 1990). | en |
dcterms.isPartOf | Spore | en |
dcterms.issued | 1990 | |
dcterms.language | fr | |
dcterms.publisher | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
dcterms.type | News Item |