Une partie perdue d’avance
cg.contributor.affiliation | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
cg.howPublished | Formally Published | en |
cg.identifier.url | https://hdl.handle.net/10568/99671 | en |
cg.issn | 1011-0046 | en |
cg.journal | Spore | en |
cg.number | 98 | en |
cg.place | Wageningen, The Netherlands | en |
dc.contributor.author | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
dc.date.accessioned | 2015-03-26T12:16:28Z | en |
dc.date.available | 2015-03-26T12:16:28Z | en |
dc.identifier.uri | https://hdl.handle.net/10568/63317 | |
dc.title | Une partie perdue d’avance | fr |
dcterms.abstract | Vivre des matières premières n’a jamais été facile, mais aujourd’hui, c’est devenu un jeu dangereux et sans espoir. Il y a trois façons de s’en sortir : mourir, se jeter à l’eau ou se protéger.Décembre 2001, marché du cacao de Mbanga,... | en |
dcterms.accessRights | Open Access | |
dcterms.bibliographicCitation | CTA. 2002. Une partie perdue d’avance. Spore, Spore 98. CTA, Wageningen, The Netherlands | en |
dcterms.description | Vivre des matières premières n’a jamais été facile, mais aujourd’hui, c’est devenu un jeu dangereux et sans espoir. Il y a trois façons de s’en sortir : mourir, se jeter à l’eau ou se protéger. Décembre 2001, marché du cacao de Mbanga, au nord-ouest de Douala, le principal port du Cameroun. Les participants à un séminaire du CTA sur les organisations paysannes visitent ce marché. Une demi-douzaine de producteurs tendent leurs sacs aux costauds engagés par le négociant pour charger son camion. 'Bientôt, vous n’aurez plus du tout besoin de venir, ' grondent les producteurs. Nous allons laisser tomber le cacao car nous y perdons trop d’argent. Nous avons des familles à nourrir. Nous allons nous reconvertir dans le café, beaucoup plus sûr'. Une dispute commence, le chargement cesse, la tension monte, interrompue par deux participantes, plutôt costaudes elles aussi et qui, sans craindre de ce casser les ongles et de déchirer leur robe, hissent un autre sac sur l’échelle branlante du commerçant. Tout le monde s’esclaffe. Le chargement recommence et les producteurs reprennent leurs vaines tentatives pour arracher un meilleur prix. La langue de quelques jeunes producteurs se délie après le départ des anciens et des participants au séminaire. Ils confirment leur désir de reconversion vers le café. Selon l’un d’eux, ce sera le café ou l’exode vers la ville. Plus tard, le vulgarisateur local parle avec passion de la nécessité d’un service d’information sur les marchés. Pour que les producteurs puissent prendre la décision de passer au café en toute connaissance de cause, insiste-t-il, il est essentiel de les sensibiliser aux prix. Dans son bureau, on trouve Spore 95, avec un article qui explique pourquoi 20 millions de producteurs de café veulent absolument en sortir, en raison de la chute des prix. 'Après deux années de chute libre, qui se poursuit encore, les producteurs ne peuvent plus se permettre de produire à ce prix'. Toute cette confusion et cette dégradation, ne facilitent pas l’analyse de la dernière 'crise des matières premières'. Allez sur un marché, ouvrez un journal financier, écoutez le discours des ONG, discutez avec un ministre des finances : au bout de quelques minutes, vous entendrez les mots 'crise des matières premières'. En a-t-il jamais été autrement? En fait, ces crises correspondent à des cycles, qui comportent souvent de bonnes années — voire de bonnes décennies — et aussi des mauvaises. Piètre consolation pour les producteurs profondément endettés qui n’ont comme perspectives que d’autres dettes. Les subtilités des 'cycles de prix des matières premières' rapportées par les historiens de l’économie n’ont pas beaucoup de sens lorsque la réalité devient de plus en plus dure. Parmi les matières premières agricoles, c’est le café qui a connu la chute la plus tragique depuis longtemps, dégringolant de 70%, en moyenne, depuis 1997. Mortelle moyenne! Le prix moyen est calculé sur un ‘panier’ de tous les différents cafés du monde — robustas, arabicas naturels, arabicas doux et autres — dont les prix diffèrent considérablement, en fonction de leur origine de culture. De la même façon, aucun agriculteur n’est représentatif de cette moyenne, comme l’ont montré les chiffres produits par la ‘Campagne pour un commerce équitable’, en avril 2002. Evoquant une exploitation familiale, à Kituntu (Ouganda), ils décrivent la chute de 83% par rapport aux prix de 1997, de 600 shillings ougandais le kilo (environ 0, 44 €) à 100 shillings fin 2001. Les enfants de cette famille ont quitté l’école pour cultiver des légumes entre les plants de café. Pour les 5 millions de petits récoltants et leurs familles, qui représentent le quart de la population ougandaise et qui vivent de la culture du café, ces fluctuations de prix spectaculaires touchent très durement leur foyer. Comment savoir ? Pour vouloir se lancer dans un marché du café déprimé, comme veulent le faire quelques producteurs de cacao à Mbanga, il faut être tout à fait désespéré. Et comment ne pas l’être avec, en 2001, des prix de l’ordre de 40% inférieurs à ceux de 1998, même si on est encore au-dessus des niveaux de 2000, les plus mauvais. Cela vous aiderait-il de savoir que l’organisation internationale du cacao prévoit que les prix du cacao feront un bond de 25% à la fin 2002, par rapport à 2000 et de 56% à l’horizon 2003? Et qu’à la fin de 2005 ils auront peut-être perdu 10%, se situant ainsi dans une augmentation de 40% par rapport à 2000? Sans doute, mais qui va vous le dire? Ces projections de prix, aussi confuses soient-elles, ne sont que des hypothèses et dépendent d’une série de facteurs. La même incertitude vaut pour les prix de toutes les autres matières premières agricoles, qu’il s’agisse du sorgho (relativement stable ces deux dernières années), du coton ou de l’arachide (régulièrement à la baisse). Dans de nombreux pays ACP, lourdement dépendants des matières premières pour leurs recettes d’exportation, tous ces prix sont importants. Toute évolution des prix a un impact direct sur la vie de la population, que celle-ci produise ou non des cultures de rente : dans de nombreuses zones d’Afrique de l’Ouest, par exemple, les produits de première nécessité représentent entre le tiers et la moitié des dépenses des ménages. L’espoir n’est qu’une décimale Ces différences de prix — à peine une décimale dans une équation pour certains — se traduisent en conséquences dramatiques pour les autres, qu’il s’agisse d’individus ou d’économies nationales, même si, comme le proclame le mouvement pour un commerce équitable, 'un producteur ghanéen de cacao ne gagne que 1, 2% du prix payé par un consommateur pour sa barre de chocolat'. La route est cahoteuse et devant, le chemin est jonché de tous les risques que les producteurs connaissent bien, au-delà de celui des prix. Une mauvaise météo ou un mauvais approvisionnement en intrants peut réduire la récolte d’un pays, mais des récoltes exceptionnelles ailleurs peuvent faire baisser le prix moyen. Les courtiers en matières premières peuvent pousser les prix à la hausse afin de tirer un profit rapide. Les consommateurs ou les régulateurs de la santé peuvent inciter à s’écarter de certains produits — les arachides d’Afrique de l’Ouest et les racines de kawa du Pacifique en sont les victimes les plus récentes — et contraindre les prix à la baisse. Des chercheurs peuvent perfectionner des produits artificiels et ruiner les chances des produits naturels — cela semble être le cas de la vanille. Appelez votre assureur Les producteurs de matières premières courent aujourd’hui de très hauts risques avec la baisse des prix, au point que toutes les stratégies de survie personnelle ou les tentatives mondiales déstabilisation des prix ont été largement abandonnées. Comment s’en sortir? Les quelques réponses proposées sont trop timides, trop tardives et manquent de créativité. Les plans pour retenir la production et forcer ainsi les prix à monter sont écartés à la fois par les producteurs concurrents (comme le Vietnam pour le café) ou par la technologie qui permet aux transformateurs d’accumuler des stocks plus longtemps. D’autres voient l’espoir dans les marchés de niche des chocolats biologiques en provenance du Ghana ou les cafés exquis des nouveaux producteurs du Vanuatu, qui doivent se battre avec les crus spécialisés de Jamaïque ou d’Ethiopie. Malheureusement, les niches ne sont pas à la portée de tous. Le chaînon manquant, comme Spore l’a déjà souligné, c’est l’assurance. Pendant des siècles, les courtiers en matières premières se sont protégés des fluctuations excessives des prix avec des plans d’assurance. Pourquoi les producteurs n’en feraient-ils pas autant? La méthode la plus simple est de se protéger et de minimiser les pertes en équilibrant les risques les uns par rapport aux autres. En termes de champ et de silo, un producteur (ou un groupe de producteurs) conclut un accord avec un acheteur pour un prix minimum garanti même si le prix du marché chute. En échange, ils se mettent d’accord sur un prix maximum qui sera pratiqué même si le prix du marché le dépasse. L’accord peut être renforcé par un crédit relais assorti d’un intérêt raisonnable, à l’inverse des prêteurs sur gages. En théorie, ce concept est loin d’être inconnu des agriculteurs prudents qui savent répartir les risques. En pratique, cela implique une démarche volontaire pour payer une prime d’assurance, du bon sens financier et une information complète et sérieuse. Parmi leurs très nombreuses tâches, les organisations paysannes ont ici un rôle déterminant à jouer. L’économiste Olivier Combe affirmait au milieu des années 90 qu’elles devraient être l’intermédiaire entre les paysans et le monde financier. La Banque mondiale — souvent critiquée pour sa recherche tâtonnante d’idées nouvelles en matière de développement — a lancé un nouveau programme pour que les petits exploitants et leurs organisations aient un bon accès aux outils qui permettent de gérer leurs risques dans un marché volatile. De très nombreux ménages en dépendent. Il faudra du temps pour que les institutions et les professions comme les agriculteurs, les banquiers et les actuaires s’habituent à devenir des partenaires, mais c’est un risque qu’il faut sans aucun doute prendre. Pour plus d’ informations: International Task Force for Commodity Risk Management c/o CRM Groupe, Département Développement Rural Banque Mondiale, 1818 H Street, N.W. Washington, DC 20433, USA Fax: +1 202 477 6391 E-mail: feedback@ itf-commrisk.org Site Web : www.itf-commrisk.org [caption] Le tas de cabosses monte, le prix du cacao descend. | en |
dcterms.isPartOf | Spore | en |
dcterms.issued | 2002 | |
dcterms.language | fr | |
dcterms.publisher | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
dcterms.type | News Item |