Criquets: il n'est plus temps de tergiverser
cg.howPublished | Formally Published | en |
cg.issn | 1011-0046 | en |
cg.journal | Spore | en |
cg.number | 15 | en |
cg.place | Wageningen, The Netherlands | en |
cg.subject.cta | PRODUCTION ET PROTECTION VÉGÉTALE | en |
dc.contributor.author | Skaf, Rafik | en |
dc.date.accessioned | 2015-03-19T13:49:21Z | en |
dc.date.available | 2015-03-19T13:49:21Z | en |
dc.identifier.uri | https://hdl.handle.net/10568/58906 | |
dc.title | Criquets: il n'est plus temps de tergiverser | fr |
dcterms.abstract | Dr Rafik SkafLe Dr Rafik Skaf, qui a pris sa retraite en janvier 1988, était en poste à la FAO depuis 23 ans. Il assumait, depuis 1980, les fonctions de chef du Groupe «Acridiens, Ravageurs migrateurs et Opérations d'urgence». Auparavant, il a... | en |
dcterms.accessRights | Limited Access | |
dcterms.bibliographicCitation | Skaf, Rafik. 1988. Criquets: il n'est plus temps de tergiverser. Spore 15. CTA, Wageningen, The Netherlands. | en |
dcterms.description | Dr Rafik Skaf Le Dr Rafik Skaf, qui a pris sa retraite en janvier 1988, était en poste à la FAO depuis 23 ans. Il assumait, depuis 1980, les fonctions de chef du Groupe «Acridiens, Ravageurs migrateurs et Opérations d'urgence». Auparavant, il a été durant seize ans directeur de la protection des plantes dans son pays d'origine, la Syrie. Un nouveau fléau menace l Afrique. Après la . sécheresse et les sautériaux, ce sont maintenant les criquets pèlerins qui risquent de s'abattre sur lAfrique sub-saharienne comme sur le Maghreb. Pourtant ce désastre imminent était prévisible et pouvait être évité. Les hommes plus que les cieux sont en effet, en très grande partie, responsables. La dernière invasion généralisée de criquets pèlerins a pris fin en 1963. Depuis cette date,la stratégie de lutte' préventive mise en place grâce à la FAO a permis d'éviter tout dégât important sur les cultures. Les pullulations de criquets qui étaient repérées ont été systématiquement détruites à l'aide d'un puissant insecticide organochloré,.la dieldrine. Ce produit est à la fois très efficace et peu coûteux. En effet, sa rémanence est importante -il reste actif plus d'un mois- et les doses nécessaires sont très faibles -20 à 30 g de matière active à l'hectare-. Des traitements en barrières espacées de plusieurs centaines de mètres suffisent pour détruire les criquets, et tout particulièrement les larves, sur de vastes zones. Certes la dieldrine est très toxique pour les mammifères et les oiseaux. Mais les épandages ne se font que dans les régions désertiques, habitat de prédilection des criquets hors des périodes d'invasion. Aucun décès imputable à la dieldrine n'a d'ailleurs été signalé depuis trente ans. Il faut savoir qu'il n'existe pas de produit chimique qui puisse remplacer la dieldrine. Des études sont en cours mais aucun produit nouveau ne sera disponible avant un ou deux ans. Cependant, depuis quelques années des considérations de protection de l'environnement ont incité de nombreux pays, tels ceux d'Afrique du Nord, à interdire l'utilisation de la dieldrine à des fins agricoles. N'ayant pas eu jusqu'à présent à souffrir des criquets, ils ne pouvaient se rendre compte des effets de ces mesures. De plus, entre 1983 et 1985, en raison de la sécheresse, les populations de Criquets pèlerins ont été les plus faibles enregistrées depuis cinquante ans. Mais, depuis septembre 1985 des conditions climatiques favorables ont facilité leur rapide multiplication le long des côtes de la Mer Rouge. Les opérations de lutte n'ont pas permis leur élimination totale car, pour des raisons de sécurité militaire, en particulier en Erythrée, elles n'ont pu couvrir toutes les régions infestées. Pendant l'été 1986, les criquets ont donc continué à se reproduire du Soudan à la Mauritanie. Certes des traitements ont été effectués mais la dieldrine a été peu utilisée. Les pays touchés ont surtout employé des produits organophosphorés fournis par la- communauté internationale pour lutter contre les sautériaux qui constituaient, cette année-là, une grave menace. De juin à septembre 1987, les pluies abondantes qui sont tombées au nord-ouest du Soudan et au nordest du Tchad ont favorisé une nouvelle expansion démographique de ce redoutable ravageur. En août 1987, la concentration des criquets au nord du Tchad offrait l'occasion unique de les détruire pour prévenir le déclenchement de l'invasion. Cette opportunité n'a pas été saisie. Lors de la réunion donateurs/gouvernements à Rome, les spécialistes ont proposé d'éliminer ces pullulations très inquiétantes en pulvérisant de la dieldrine en barrières. Cette opération aurait nécessité quinze jours de traitement avec un gros avion pour un coût estimé à 500.000 dollars. Certains donateurs, tels les Etats-Unis et plusieurs pays d'Europe du Nord, ont préféré une opération d'un mois nécessitant plusieurs avions gros porteurs et coûtant... 6 000 000 de dollars. Refusant la dieldrine, ils ont en effet recommandé l'emploi de fénithrotion, un insecticide à faible rémanence qui ne tue que les acridiens atteints par l'épandage. Les zones infestées doivent donc être entièrement traitées ce qui nécessite de grosses quantités d'insecticides et d'importants moyens de transport. Tâche pratiquement impossible dans ces régions très étendues (500.000 ha) et difficiles d'accès. Les essaims rescapés ont donc continué leur route vers l'ouest atteignant le Niger et le Mali, puis au mois d'octobre, le Maroc. Ce pays a dû organiser une campagne intensive, qui a coûté plusieurs millions de dollars, pour empêcher la ruée des criquets sur les zones cultivées. L'Algérie a dû aussi traiter quelques essaims dans le sud de son territoire. Parallèlement, d'autres criquets se sont massivement regroupés et considérablement multipliés en Mauritanie durant les premiers mois de 1988. Des équipes de lutte terrestre ont bien entrepris des pulvérisations. Mais il a vite semblé évident pour la FAO, qui l'a fait savoir au gouvernement mauritanien, que seuls des traitements en barrières avec la dieldrine sur toute la zone pouvait permettre de contrôler ces essaims. Mais comme au Tchad, comme au Niger, comme au Mali, les bailleurs de fonds ont dissuadé les gouvernements d'utiliser la dieldrine. A la faveur des premières pluies de mars, ces criquets mauritaniens se sont donc de nouveau envolés vers le Maroc et l'Algérie qui ont dû engager de nouvelles opérations de lutte. Dès l'arrivée de la saison pluvieuse ce sont les pays sahéliens qui seront visés. Et nul ne peut dire maintenant jusqu'où iront ces criquets qui sont de grands voyageurs. Une nouvelle invasion généralisée semble maintenant imminente, elle ne pourra être arrêtée qu'à des coûts prohibitifs. Le déversement de doses massives d'insecticides dans des zones habitées qui sera alors nécessaire risque d'être beaucoup plus nocif pour l'environnement que la dieldrine tant décriée utilisée dans le désert. Les hommes ont fait la part belle aux criquets en refusant, par manque d'information ou par inconscience, d'utiliser les moyens techniques qui avaient fait leurs preuves. Aujourd'hui, l'urgence est là, il n'est plus temps de tergiverser. Plusieurs pays disposent encore de stocks de dieldrine et des moyens de les épandre. Ils doivent pouvoir les utiliser sans encourir la désapprobation des nations qui n'ont rien à craindre des criquets. Les opinions émises dans cette tribune libre n'engagent que leurs auteurs. Elles ne sauraient être attribuées au CTA. | en |
dcterms.isPartOf | Spore | en |
dcterms.issued | 1988 | |
dcterms.language | fr | |
dcterms.publisher | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
dcterms.type | News Item |