Cultures associées : le passé au secours du futur
cg.contributor.affiliation | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
cg.howPublished | Formally Published | en |
cg.issn | 1011-0046 | en |
cg.journal | Spore | en |
cg.number | 15 | en |
cg.place | Wageningen, The Netherlands | en |
dc.contributor.author | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
dc.date.accessioned | 2015-03-19T13:49:21Z | en |
dc.date.available | 2015-03-19T13:49:21Z | en |
dc.identifier.uri | https://hdl.handle.net/10568/58905 | |
dc.title | Cultures associées : le passé au secours du futur | fr |
dcterms.abstract | Pratique ancienne, l'association des cultures est aujourd'hui redécouverte par les chercheurs. Gage de sécurité pour les paysans qui regroupent plusieurs plantes sur la même parcelle, cette technique apparaît aussi très productive.... | en |
dcterms.accessRights | Limited Access | |
dcterms.bibliographicCitation | CTA. 1988. Cultures associées : le passé au secours du futur. Spore 15. CTA, Wageningen, The Netherlands. | en |
dcterms.description | Pratique ancienne, l'association des cultures est aujourd'hui redécouverte par les chercheurs. Gage de sécurité pour les paysans qui regroupent plusieurs plantes sur la même parcelle, cette technique apparaît aussi très productive. L'agriculture de l'avenir s'inspirera certainement de ces traditions. Depuis des siècles, des millions de paysans pratiquent `~ les associations de cultures dans les régions tropicales. Or, il y a encore peu de temps, les chercheurs ne s'intéressaient guère à ces pratiques. Aujourd'hui redécouverte, cette technique s'avère intéressante à bien des égards. Comme leur nom l'indique, les cultures associées reposent sur la mise en culture, successive ou simultanée, de plusieurs plantes sur la même parcelle. La seconde culture peut être mise en place entre les rangées de la première alors que celle-ci est quasiment prête à être récoltée. Dans d'autres cas, cultures et élevage peuvent être associés dans des systèmes écologiques complexes, afin d'optimiser la production. Plusieurs études menées sur des systèmes de production montrent que les paysans préfèrent, là où cela est possible, cultiver au moins deux plantes dans le même champ. Ceci permet de minimiser le risque d'une mauvaise récolte, situation désastreuse si le paysan a tout misé sur une seule spéculation. En Afrique, par exemple, 98% du niébé, la principale légumineuse du continent, est cultivé en association avec d'autres plantes. Au Nigéria, les cultures associées occupent plus de 80% des terres cultivables. Un paysan nigérian cultive traditionnellement jusqu'à huit plantes, dont de nombreuses variétés de banane, de haricots, de manioc, de melon ou d'igname. En Inde, on dénombre plus de 80 plantes dans certaines combinaisons culturales particulièrement sophistiquées. Hier considérée comme 'primitive', la pratique des cultures associées résulte en réalité d'une riche expérience acquise au cours de siècles de pratique agricole et qui repose sur une connaissance intime de l'environnement. Au cours des quinze dernières années, des chercheurs ont étudié avec attention certaines de ces associations pour mieux comprendre les raisons de leurs succès. Leur but : mieux connaître l'utilisation de l'espace et le calendrier cultural de ces associations afin d'améliorer la production et de les adapter à d'autres conditions agro écologiques. La première surprise a été de constater que non seulement ces association apportaient une sécurité par la diversification des cultures mais que, de surcroît, les cultures associées produisaient individuellement plus que chacune des cultures pratiquées isolément. Dans ces associations, les rythmes de croissance, la profondeur de l'enracinement, l'assimilation des éléments nutritifs ou l'utilisation de l'eau et de la lumière, varient et sont complémentaires. Ainsi, non seulement les plantes ne se concurrencent pas mais elles optimisent la productivité de la parcelle. A Trinidad par exemple, la culture associée du maïs et du pois d'angole améliore l'assimilation des éléments nutritifs, essentiellement grâce aux différences de besoins nutritionnels et de profondeur de racines entre les deux plantes. L'association est jusqu'à deux fois plus efficace que la culture exclusive pour assimiler les éléments nutritifs du sol. L'optimisation des ressources Pour tenter de quantifier l'utilisation des ressources disponibles par les cultures associées, des chercheurs ont mis au point la Ratio d'Equivalent Terre (RET) : il permet de connaître la surface agricole plantée en culture exclusive nécessaire pour obtenir le même rendement qu'une surface en culture associée. Selon ces travaux, il faut au Mexique 1,73 ha de maïs pour produire la même quantité de nourriture qu'un hectare de maïs haricot courge. Mesuré en termes de-volume. de biomasse„produit e, le ratio grimpe à 1,78 ha. Dans la plupart des cas où des comparaisons ont été faites, l'association de cultures s'avère nettement plus productive que la culture exclusive. Une meilleure valorisation des ressources locales est sans aucun doute le premier avantage des cultures associées. Des cultures à cycle court plantées avec d'autres qui demandent un an ou plus pour produire (canne à sucre ou manioc par exemple) peuvent valoriser la terre, l'eau et la lumière quand la culture principale est encore en début de cycle. Dans les zones forestières qui ne produisent pas de céréales faciles à conserver, le paysan cherche souvent à étaler les récoltes sur toute l'année. C'est ainsi que dans les champs, on trouve toujours cinq ou six plantes. Les tubercules (manioc et macabo), long à produire mais qui se conservent en terre, constituent le «fonds de roulement» tandis que les autres plantes assurent les soudures et permettent de diversifier la nourriture familiale. En Mauritanie, par exemple, le maïs, l'arachide et des légumes sont cultivés ensemble puis récoltés avant que la canne à sucre ne soit trop grande pour leur faire de l'ombre. On peut également associer des plantes de haute taille avec des petites plantes d'ombre. Mieux encore, certaines plantes, comme le maïs, répondent à une augmentation de l'écartement des rangées par un accroissement du rendement par pied mais n'augmentent pas proportionnellement leur surface foliaire. En conséquence, la patate douce peut, par exemple, croître entre les rangées de maïs, augmentant et diversifiant ainsi la production sans intrants. L'association de cultures ne se limite pas aux plantes annuelles. Les habitants des îles du Pacifique cultivent des cacaoyiers sous les cocotiers tandis qu'en Afrique de l'Est des bananiers, intercalés entre les plants de café, apportent ombre et paillage. L'occupation différenciée de l'espace par certaines plantes et le décalage des récoltes ont été traditionnellement exploités au maximum par les paysans des pays tropicaux. Des associations de culture à plusieurs étages, comme le cocotier, le poivre noir et l'ananas, deviennent maintenant des classiques pour valoriser au maximum la surface disponible en évitant de devoir acheter des intrants coûteux. Dans une culture associée thécaoutchouc, les résidus de plantes fournissent l'équivalent de 813 kg/ha de sulfate d'ammonium (engrais azoté), 65 kg/ha de superphosphate de calcium et 146 kg par hectare de sulfate de potassium. De même, le bétail nourri avec des résidus de récolté'produit des amendements supplémentaires sous forme de fumier. Au Cameroun, des associations de maïs et d'arachide ont aussi un rendement plus élevé que chacune des plantes cultivées séparément, avec ou sans engrais. Des comparaisons de productivité, avec et sans engrais, montrent une augmentation de rendement de respectivement 21% et 11% par rapport à une seule culture dans les mêmes conditions. Le Ratio d'Equivalent Terre grimpe de 1,24 pour les associations sans fertilisation à 1,49 avec fertilisation. Les cultures associées offrent d'autres avantages pour améliorer l'efficacité des exploitations agricoles. L'association thé/caoutchouc n'a pas seulement un bon taux de retour des élements nutritifs dans le sol, elle permet également d'augmenter la température, limitant ainsi les risques d'une gelée pour les hévéas, et réduit l'érosion du sol. De plus, des racines plus fournies et plus profondes améliorent la structure des sols. L'association de cultures s'avère également efficace pour la gestion de l'eau. En juxtaposant plusieurs espèces de plantes, les paysans disposent d'une couverture de feuilles accrue sur le sol. Les besoins en eau d'une parcelle en monoculture ou d'un champs de cultures associées ne sont guère différents. Grâce à une évapotranspiration réduite, les cultures associées ne nécessitent pas plus d'eau : la production peut donc être augmentée sans qu'il soit nécessaire d'améliorer les disponibilités en eau. Moins d’attaques parasitaires L'association de cultures permet aux paysans qui la pratiquent de combattre les attaques parasitaires à un moindre coût. Les attaques de virus, de champignons ou de nématodes peuvent toutes être diminuées simplement en ne plantant pas qu'une seule culture. Une étude sur les insectes phytophages a montré que plus de 60% des espèces testées étaient moins abondantes dans un système de polyculture. Mieux encore, cette méthode de lutte biologique fonctionne même à petite échelle. Plusieurs combinaisons de plantes résistantes aux maladies ont déjà été identifiées. Le manioc et le haricot réduisent à la fois l'effet et la gravité de l'oïdium sur le manioc et les taches sur les feuilles du haricot. Si le niébé est cultivé avec du manioc ou des bananiers plantains, il est moins sujet aux attaques virales. On peut également citer les associations maïs-tournesol-avoine-sésame, pomme de terre moutarde, et gombo-tomate-gingembre-ambérique cultivés sous des cocotiers. De même, le niébé semble protégé des attaques d'insectes en étant associé avec du sorgho ou d'autres céréales, tandis que le gombo protège le coton des puces de terre. Les simples caractéristiques physiques des cultures individuelles, peuvent même, quand elles sont associées, engendrer une protection en perturbant les sensations visuelles et olfactives des insectes. Des expérimentations en laboratoire montrent que la simple association de choux avec des tomates et du tabac permet de réduire de 75% les attaques des feuilles de choux par les charançons. Le même raisonnement est valable pour lutter contre les adventices. Sous les tropiques, le maïs est souvent planté en association avec une autre culture. Dans le bassin du Congo, c'est la courge, aux Philippines la patate douce et en Colombie le haricot. Dans chaque cas, l'efficacité avec laquelle les cultures associées utilisent l'eau, la lumière et les élements nutritifs ne laissent guère de chance aux mauvaises herbes qui auraient pu gêner la croissance du maïs. Ceci étant maintenant connu, certaines plantes sont maintenant utilisées comme 'barrières' pour en protéger d'autres. Par exemple, le soja planté autour du pois d'Angole (Cajanus cajan) le protège des attaques de chenilles à poils. Ces différents exemples montrent clairement que des systèmes de cultures associées répondent mieux, et à moindre risque, aux besoins alimentaires des familles. Dans des régions où la faim et la malnutrition sont endémiques, on ne peut plus ignorer ces solutions techniques. Des essais de cultures associées pois d'Angole/sorgho montrent que dans un environnement climatique difficile, la culture du pois d'Angole seul donnera de mauvais résultats une fois tous les 5 ans, le sorgho seul une fois tous les 8 ans et leur culture en association une fois tous les 36 ans. Une technique d’avenir Même si, jusqu'en 1985, elles n'avaient pas fait l'objet de beaucoup de publications scientifiques dans les revues spécialisées, les cultures associées représentent indubitablement une source de progrès. Depuis de nombreuses années, les institutions officielles de recherche visent avant tout à optimiser la production agricole par unité de terre et par travailleur. Elles ont donc logiquement prôné le développement du machinisme agricole et des produits de traitement destinés essentiellement aux systèmes de monoculture. Mais aujourd'hui beaucoup de centres internationaux de recherche développent des programmes sur les systèmes de cultures associées avec pour objectif le renforcement d'une agriculture plus économe en intrants achetés. L'Institut International de Recherche sur le Riz (IRRI) a développé une lignée de riz à 100 jours tandis qu'au Nigéria, l'institut International pour l'Agriculture Tropicale (IITA) a mis au point une variété de niébé mûr à 65 jours. Des essais sont actuellement en cours pour tenter d'associer riz et niébé. Le niébé, résistant à de nombreuses grandes maladies, présente déjà un meilleur rendement en association avec le maïs. Cela ne semble pas poser de problèmes puisqu'il fleurit et commence à former des gousses avant que le maïs ne soit trop grand. Certaines Variétés à Haut Rendement (VHR) destinées à être utilisées dans des programmes d'intensification agricole peuvent s'intègrer dans des systèmes de cultures associées.Ce sont les UHR les moins productives qui affichent les meilleurs résultats. De nouvelles variétés devront néanmoins être mises au point pour certains environnements spécifiques. Au cours des siècles, quelques erreurs dans les choix d'association de cultures ont cependant été commises, mais il faut cependant bien avouer que rares sont les véritables inconvénients liés aux cultures associées. Certes, la proximité des plantes associées ne permet pas de mécaniser le désherbage. Mais il ne s'agit pas d'un inconvénient majeur car l'association culturale permet de prévenir et de limiter le développement des mauvaises herbes. Néanmoins, si on choisit de désherber, cela doit être fait avec soin... ce qui prend beaucoup de temps. Le problème n'est donc pas simple, d'autant plus qu'il existe très peu d'herbicides utilisables avec des cultures associées.De même, la récolte doit être réalisée avec soin pour ne pas abîmer les autres plantes. La principale limite du développement des cultures associées est donc, de manière évidente, l'exigence en temps de travail pour le sarclage, l'entretien et la récolte. Le modèle technique classique d'intensification fondé sur le transfert de technologies, favorise les paysans aisés qui disposent des ressources financières suffisantes pour acheter les intrants agricoles. Ce n'est que récemment que les choix techniques et les méthodes de production des paysans des zones tropicales ont été pris au sérieux. Actuellement, on semble s'orienter vers un modèle de développement agricole qui intégrerait mieux les relations entre la production agricole et les différents écosystèmes du monde. Rien n'est pourtant encore joué. BIBLIOGRAPHIE Abstracts on Intercropping (1986) Vol: 5 GTZ Dag Hammarskjold Weg 1-2 Postafach 5180 D-6236 Eschborn 1 RFA To feed the Earth; agroecology for sustainable development M Dover & L M Talbot World Resources Institute 1987The Ecology of Tropical Food Crops M J T Norman et. al. Cambridge University Press 1984 Multiple cropping and tropical farming systems W C Beets Gower 1982Modernisation of Agriculture in Developing Countries I, Arnon John Wiley and Sons 1981 | en |
dcterms.isPartOf | Spore | en |
dcterms.issued | 1988 | |
dcterms.language | fr | |
dcterms.publisher | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
dcterms.type | News Item |