Pisciculture: faut-il se jeter

cg.contributor.affiliationTechnical Centre for Agricultural and Rural Cooperationen
cg.howPublishedFormally Publisheden
cg.issn1011-0046en
cg.journalSporeen
cg.number21en
cg.placeWageningen, The Netherlandsen
dc.contributor.authorTechnical Centre for Agricultural and Rural Cooperationen
dc.date.accessioned2015-03-19T13:49:37Zen
dc.date.available2015-03-19T13:49:37Zen
dc.identifier.urihttps://hdl.handle.net/10568/59089
dc.titlePisciculture: faut-il se jeteren
dcterms.abstractLa pisciculture n'a pas connu de développement spectaculaire en Afrique. Quelques étangs apparaissent dans les paysages de savane, des cages s'installent dans les fleuves, des enclos tentent de valoriser les lagunes. Pour le moment, la production...en
dcterms.accessRightsLimited Access
dcterms.bibliographicCitationCTA. 1989. Pisciculture: faut-il se jeter. Spore 21. CTA, Wageningen, The Netherlands.en
dcterms.descriptionLa pisciculture n'a pas connu de développement spectaculaire en Afrique. Quelques étangs apparaissent dans les paysages de savane, des cages s'installent dans les fleuves, des enclos tentent de valoriser les lagunes. Pour le moment, la production de poissons de 'pisciculture' ne dépasse pas 50 000 t... Comparé aux 4,5 millions de tonnes de poissons pêchés, c'est peu. Pourtant, cette première ébauche est porteuse de solides espoirs. Au Bénin, dans les eaux peu profondes du lac Nokoué, les pêcheurs construisent avec des branchages, comme leurs pères leur ont appris, des clôtures ronces ce quelques dizaines à quelques centaines de mètres de diamètre. Ce sont les fameux 'acadjas ', bien connus de la côte occidentale africaine. A l'intérieur de ces enclos, les hommes des cités lacustres, véritables 'pisciculteurs', enfouissent des matières végétales, feuilles, branches, etc.... Les poissons viennent nombreux se jeter dans ces pièges, sortes de gigantesques nasses où ils trouvent le gîte et le couvert : les branchages offrent un lieu idéal de reproduction et de ponte car ils permettent aux poissons de se cacher et les matières végétales, en se décomposant, sont une source de nourriture. Une fois par an, au rythme des tamtam qui donnent à ce jour un caractère de fête, lorsque les pêcheurs récoltent le fruit de leur labeur, ils ne regrettent pas le temps qu'ils ont passé auprès de leurs acadjas : jusqu'à cinq tonnes de poissons par hectare se prennent dans les mailles du filet, fruits d'une année de travail. Sans doute, ces pêcheurs du lac Nokoué ne savent-ils pas qu'ils sont pratiquement les seuls pêcheurs de tout le continent africain, porteurs d'une tradition de pisciculture. Les acadjas du Bénin constituent l'activité proche de la pisciculture la plus spectaculaire que l'on puisse trouver. Il existe bien sûr de nombreux pêcheurs, fort habiles et compétents dans certains pays comme le Mali mais la pêche, ce n'est pas la pisciculture. Les chiffres de production le prouvent. Tout au plus, la meilleure activité de pêche peut elle atteindre quelques centaines de kilos par hectare et par an et, plus généralement, quelques dizaines. Mais c'est en tonnes que se chiffre la production de la pisciculture. Contrairement aux piscicultures chinoises ou sud asiatiques, de tradition si ancienne que les étangs font partie du paysage, l'élevage du poisson en Afrique est un produit d'importation. Ce sont,, sans doute, les belges qui, les premiers, ont développé cette activité au Zaïre pour résoudre les problèmes d'approvisionnement au cours de la seconde guerre mondiale. L'idée ne devait pas être mauvaise si l'on en juge par sa reprise dans les pays avoisinants où quelques étangs furent construits les années suivantes. Mais, manque de tradition ou manque de savoir faire , cette première tentative de pisciculture s'est soldée par un échec. Les étangs, souvent mal construits, dans des lieux trop éloignés des villages pour assurer surveillance et entretien, ont rapidement révélé leurs limites et leurs contraintes. Pour faire de la pisciculture, il faut savoir construire un étang, l'entretenir, veiller à son approvisionnement en eau (les marigots permanents ne sont pas légion, en zone soudanienne notamment), connaître le poisson que l'on élève, ses spécificités, ses exigences et ses faiblesses. C'est pourquoi des organismes spécialisés, comme la FAO ou le CIRAD -CTFT (Centre Technique Forestier Tropical) ou encore le CRDI canadien (Centre de Recherches pour le Développement International) ont mené d'importants travaux de recherche, notamment sur les structures d'élevage mais aussi sur les poissons à élever. Plusieurs projets, appliquant les différentes méthodes envisagées pour la pisciculture africaine, sont aujourd'hui en place et produisent du poisson. Des poissons de basse-cour... La technique d'élevage en étang est la plus couramment répandue. C'est la plus simple, la plus économique et vraisemblablement la mieux adaptée au milieu. En Côte d'Ivoire, où ce type de pisciculture commence réellement à prendre corps, les étangs ont trouvé tout naturellement leur place dans des bas-fonds, à côté des rizières, ou en aval immédiat des petites retenues artificielles, construites ces dernières années à des fins agricoles et pastorales. Bien intégrés au paysage et aux infrastructures existantes, ces étangs s'adaptent aussi aux ressources locales pour l'alimentation des poissons. Lorsqu'il existe des déchets et des résidus agricoles, les pisciculteurs les récupèrent pour fertiliser les étangs : en se décomposant, ces végétaux permettent le développement d'organismes dont les poissons se nourrissent pour un prix défiant toute concurrence. Cette méthode d'élevage fournit sans doute le poisson d'aquaculture au plus faible coût mais le taux de rentabilité de l'investissement, au plein sens économique du terme, n'est pas très élevé. C'est pourquoi d'autres méthodes un peu plus 'productives' ont été recherchées. Lorsqu'il en existe à proximité des étangs, les sous-produits agricoles, issus de transformation artisanale ou industrielle, comme le son de riz ou le tourteau de coton, constituent une possibilité d'aliment pour les poissons. De bonne valeur nutritive, ils font grossir les poissons plus vite qu'avec des déchets végétaux bruts. Ce sont des produits bon marché, bien adaptés aux besoins nutritifs des poissons et aux conditions climatiques, ce qui n'est pas toujours le cas des aliments importés d'Europe, qui supportent mal la chaleur et l'humidité. En Côte d'Ivoire, par exemple, il s'est trouvé qu'une année les poissons ont dû être nourris par du son de riz complètement envahi par les charançons. Les poissons ont mangé avec autant d'appétit que d'habitude et leur prise de poids fut tout à fait comparable à celle des mois précédents où le son de riz n'était pas contaminé. La pisciculture en étangs s'intègre bien à l'agriculture ainsi qu'à l'élevage. Des étangs surmontés de petites cahutes sur pilotis, abritant des élevages de canards, de poulets, en tout point semblables à ceux que l'on peut voir en Chine, commencent à figurer dans le paysage africain. Leur production atteint 3 à 4 t/ha/an. Les réticences des populations sont encore fortes pour consommer du poisson nourri par les fientes de volailles, mais dans certaines régions, la saveur du tilapia l'a emporté sur ces craintes. ... aux poissons en batterie. Si l'étang est la technique d'élevage la plus simple et la plus intégrée, ce n'est cependant pas la plus souple à cause des infrastructures, ni la plus économe en eau. Les nouvelles données climatiques créées par la sécheresse ont fait chercher par certains pays d'autres supports d'élevage piscicole qui puissent s'intégrer au sein des ressources hydrologiques existantes. C'est le cas du Niger qui a installé des cages dans le fleuve et de la Côte d'Ivoire et du Bénin qui cherchent à valoriser leurs lagunes en y implantant des enclos. On a tenté dans cette technique d'élevage à faire de l'intensif (10 à 100 poissons au m3) tout en restant artisanal. Les cages, comme les enclos, sont des structures légères fabriquées selon une technique très simple et utilisant au maximum des matériaux disponibles localement lorsque cela est possible : ponton en bois, piquets en bambou, bidons de récupération en plastique de 30 1, grillage en filet de pêche ou en plastique (il est alors importé) Faciles à manier, ces structures peuvent être manipulées par deux ou trois hommes pour les opérations d'élevage et pour la récolte des poissons. C'est un domaine encore relativement nouveau où les différentes phases d'élevage, même aujourd'hui mises au point par la recherche, exigent une certaine technicité de la part du paysan. Tous les problèmes ne sont pas résolus. Tout d'abord, le prix de revient du poisson ainsi produit est malgré tout assez élevé par rapport aux poissons pêchés dans le milieu naturel : dans ce prix les aliments interviennent pour beaucoup. Ils doivent être de bonne qualité, équilibrés, savamment dosés. De plus en plus, on essaye de nourrir les poissons avec des sous-produits disponibles localement, comme dans les étangs. Cette méthode semblerait applicable. Ainsi, au Niger, dans les cages, l'alimentation se compose principalement de son de riz, tourteau d'arachide et convient parfaitement aux poissons. Leur dernière production atteignait 500 kg par cage de 20 m3 en huit mois. Malgré tout, un poisson enfermé dans une cage ou dans un enclos ne grossit pas aussi 'tranquillement' qu'en liberté ou dans un vaste étang : les risques de maladies, plus élevés qu'ailleurs à cause des fortes densités laissent encore le pisciculteur bien souvent, démuni. Dans les enclos du Bénin, les densités de mise en charge ont été volontairement diminuées (environ 10 à 15 poissons au m3) afin de limiter les risques d'apparition des maladies contagieuses. Au Niger, des difficultés spécifiques au pays se sont posées. A la période de froid, de décembre à février, où la température de l'eau reste inférieure à 20°C alors qu'elle atteint 32°C en saison chaude, les poissons ne grossissaient plus, ne se reproduisaient plus et parfois même mourraient. En modulant leur alimentation en fonction de la température de l'eau, on s'est aperçu que les poissons traversaient beaucoup mieux cette période. Actuellement, une cinquantaine de pêcheurs nigériens se sont reconvertis à l'aquaculture, ils possèdent environ 200 cages qui leur procurent leur principale source de revenus. Au Bénin, où une trentaine d'enclos ont été implantés dans le lac Nokoué, le problème est celui de la salinité de l'eau de 20g/1 en 1984, la salinité maxima est passée à 30 g/l en 1988. Différence quantitative importante pour un poisson d'eau douce. Des recherches sont actuellement entreprises pour trouver de nouvelles espèces ou des hybrides mieux adaptés à la salinité. Dans l'immédiat, les pêcheurs se tournent vers la lagune de Porto-Novo où la salinité est moindre et où les espèces de tilapias utilisés retrouvent leur milieu d'origine. Des essais d'élevage en lagune sont aussi menés en Côte d'Ivoire, dans la lagune Ebrié afin de tenter de résoudre ce problème de salinité. Les premiers résultats de ces recherches semblent indiquer que si l'élevage du tilapia rencontre des problèmes en lagune, ce n'est pas uniquement à cause du sel : c'est un milieu complexe qui présente sans doute d'autres caractéristiques que la salinité pour perturber l'élevage des tilapias. Quels sont-ils ? Saura-t-on un jour les surmonter ? Des recherches sont en cours qui pourront éventuellement permettre de contribuer à mettre en valeur les surfaces considérables de lagunes des côtes africaines. Pour le moment, même si le tilapia rencontre quelques difficultés d'adaptation en milieu lagunaire, celui-ci reste le poisson le plus communément 'élevé': au gré des années qui passent et malgré la concurrence que pourrait lui faire la domestication de nouvelles espèces, il garde le prix d'excellence. Tilapia, la carpe africaine... Carpe ou tilapia pour les africains qui la dégustent en sauce ou braisée, Tilapia, Sarotherodon ou Oreochromis niloticus pour les systématiciens, ce poisson est principalement apprécié pour ses qualités de rusticité et de résistance (90 % et plus de survie dans les étangs). En outre, c'est un poisson à qui la nourriture profite : il peut grossir de un à deux grammes par jour avec une bonne alimentation, il a un taux de conversion de l'ordre de trois : trois kilos d'aliment se transforment en un kilo de chair. Contrairement aux prédateurs qui mangent les autres poissons, le tilapia est phytoplanctonophage, il se nourrit d'organismes végétaux microscopiques (le phytoplancton) et se trouve ainsi au début de la chaîne alimentaire. Enfin, il peut se reproduire en captivité, sans intervention extérieure, à la différence de tant d'autres espèces. Il se reproduit même un peu trop bien. Si l'on n'y veille pas, l'étang mis en charge avec des tilapias connaît très vite un phénomène de surpeuplement car les femelles pondent des oeufs à une fréquence élevée .Cette forte densité entraîne donc une production de très nombreux mais très petits poissons, qu'il est difficile, voire impossible de commercialiser dans certains pays. Cette difficulté n'existe pas pour les élevages en cages ou en enclos où la descendance disparaît au fil de l'eau à travers les mailles. Pour les élevages en étang, plusieurs méthodes permettent d'éviter cet écueil et d'amener les tilapias à la bonne taille marchande, c'est-à-dire environ 250 g. Une méthode pratique et simple consiste à sexer manuellement les poissons pour trier les mâles des femelles (les mâles grossissent presque deux fois plus vite que leurs compagnes). Les autres méthodes font appel à des techniques beaucoup plus sophistiquées mais qui sont maintenant bien maîtrisées. Il s'agit, par exemple, de produire des hybrides tous mâles, en croisant certaines espèces bien déterminées de tilapia. Ou encore, de changer le sexe des alevins juste éclos par traitement chimique avec une hormone de synthèse que l'on incorpore à l'aliment du poisson. Le sexage manuel, principale méthode utilisée actuellement en milieu rural pour la pisciculture, s'il a le privilège d'être simple, présente aussi des inconvénients dont le majeur est de ne pas être totalement fiable. Quelques femelles parviennent toujours à se glisser dans les étangs. Il faut donc prendre une précaution supplémentaire et introduire des prédateurs, c'est-à-dire des poissons qui mangent les petits poissons. Parmi les plus communément choisis figure l’Hemichromis fasciatus, poisson relativement rustique pour un prédateur, dont l'avantage principal est de grossir très lentement : car plus le prédateur est gros, plus les poissons qu'il mange sont gros et, passé un certain stade, il en vient à décimer la population destinée à l'embouche. Autre prédateur couramment utilisé, le Clarias gariepinus (encore appelé poisson chat africain), qui est un peu moins efficace que le précédent car il ne mange pas que les alevins de tilapias, il aime aussi leur nourriture. Bientôt l'industrie ? Où en sera la pisciculture en Afrique en l'an 2 000 ? 'Il ne faut pas croire que ce sera la pisciculture qui pourra combler le déficit en protéines animales des pays actuellement importateurs ', estime Jérôme Lazard, Chef de la Division Pêche et Pisciculture au CIRAD CTFT '. 'La force actuelle de la pisciculture, qui est son côté artisanal et sa bonne intégration dans le milieu, est aussi sa faiblesse. En s'intégrant aux spécif ici tés de chaque système de production agricole, elle est à même d'être appropriée par ses opérateurs (paysans, pêcheurs...). Mais cet avantage est aussi un inconvénient : il faut du temps pour introduire une activité nouvelle dans le sein d'une structure existante et sans la perturber. ' La pisciculture n'est pas une filière d'élevage industriel que l'on peut décider de développer à partir de rien. Quelques tentatives dans ce sens semblent avoir rencontré de sérieux problèmes au Burkina Faso et au Congo. Serait-il encore trop tôt pour passer de la méthode intégrée aux 'étangs clé en mains' ? Le poisson d'élevage industriel n'est pas encore compétitif face au poisson de mer, dût -il parcourir, congelé, 2 000 km à l'intérieur des terres. Avec les densités d'élevage, les maladies sont par ailleurs encore plus fréquentes. Cela ne veut pas dire que ce type de pisciculture soit condamné. Certains même la préconisent. Malgré les difficultés enregistrées jusqu'à présent, il n'est pas exclu qu'elle trouve sa place. Déjà, alors que la recherche se montre encore sceptique, des entreprises privées préparent l'avènement de la pisciculture industrielle. Malgré de lourds investissements pour peu de résultats, les entrepreneurs pensent que 'ça finira bien par marcher'. La même situation ne s'est-elle pas présentée pour tous les animaux ? De la cueillette à l'agriculture, de la charrue à l'élevage, du village à l'échelle industrielle, l'histoire agro-alimentaire n'est faite que de tâtonnements. Bibliographie - Lazard J., Morissens P. et Parrel P., 1988. La pisciculture artisanale du tilapia en Afrique ; analyse de différents systèmes d'élevage et de leur niveau de développement. Bois et Forêts des Tropiques, CTFT, Nogent/Marne n° 216.-Nash C., 1987. Future economic outlook for aquaculture and related assistance needs. FAO, ADCP/REP/87/25, Rome. -CR DI/I D E S SA/PNUD-FAO-MINEFOR. Atelier sur la Recherche Aquacole en Afrique (14-17/11/1988).-en
dcterms.isPartOfSporeen
dcterms.issued1989
dcterms.languagefr
dcterms.publisherTechnical Centre for Agricultural and Rural Cooperationen
dcterms.typeNews Item

Files