LES RICHESSES DU DROMADAIRE
cg.contributor.affiliation | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
cg.howPublished | Formally Published | en |
cg.issn | 1011-0046 | en |
cg.journal | Spore | en |
cg.number | 5 | en |
cg.place | Wageningen, The Netherlands | en |
dc.contributor.author | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
dc.date.accessioned | 2015-03-19T13:48:53Z | en |
dc.date.available | 2015-03-19T13:48:53Z | en |
dc.identifier.uri | https://hdl.handle.net/10568/58610 | |
dc.title | LES RICHESSES DU DROMADAIRE | en |
dcterms.abstract | En l'an 2000, le déficit potentiel de la production de viande en Afrique sub-saharienne est estimé entre trois et huit millions de tonnes, selon les scénarios avancés par des organisations internationales telles que la FAO, la Banque Mondiale ou... | en |
dcterms.accessRights | Limited Access | |
dcterms.bibliographicCitation | CTA. 1986. LES RICHESSES DU DROMADAIRE. Spore 5. CTA, Wageningen, The Netherlands. | en |
dcterms.description | En l'an 2000, le déficit potentiel de la production de viande en Afrique sub-saharienne est estimé entre trois et huit millions de tonnes, selon les scénarios avancés par des organisations internationales telles que la FAO, la Banque Mondiale ou la Commission Economique des Nations-Unies pour l'Afrique. Les perspectives sont également très sombres pour la production laitière. En effet, selon les chiffres relevés par le Centre International pour l'Elevage en Afrique (CIPEA) à Addis-Abeba, en Ethiopie, le déficit des échanges des produits laitiers atteindrait 2,5 à 4 millions de tonnes à la fin du siècle. Pourtant, il semblerait que l'exploitation d'une source particulièrement riche en lait et en protéine animale, le Camelus dromaderius, plus connu sous le nom de dromadaire, ait été jusqu'à présent largement écartée des projets de développement. En revanche, un certain nombre d'études récentes ont été effectuées dans la perspective de son élevage à grande échelle. D'ailleurs, l'exploitation commerciale des troupeaux pour la boucherie à déjà commencé en Afrique de l'Est, notamment au Kenya. Aucun doute ne subsiste aujourd'hui sur la remarquable intégration du dromadaire à son milieu -généralement aride et pauvre en ressources nutritives- ainsi que sa productivité. Elle est de loin supérieure à celle des bovins, particulièrement aux races nouvellement introduites en Afrique. D'autant plus que le dromadaire, un temps surnommé «navire du désert» est un excellent animal de bât et de selle. La famille des camélidés dont fait partie le dromadaire trouve son origine sur le continent nord-américain. Le chameau à deux bosses (Camelus bactrianus) que l'on trouve surtout en Asie Centrale et le lama, sans bosse, qui a émigré en Amérique du Sud, font également partie de la même famille. Les statistiques indiquent que 94% des camélidés sont des dromadaires. Cinq pays -la Somalie, l'Ethiopie, le Kenya, le Soudan et Djiboutipossèdent 84% du cheptel africain et 60 % du total mondial. A l'ouest de l'Afrique, on les trouve surtout au Niger, en Mauritanie, et au Mali. La population cameline mondiale. est évaluée à 17 millions d'individus, dont plus de 12 millions en Afrique. Ainsi les travaux de l'Institut français d'Elevage et de Médecine Vétérinaire des pays Tropicaux IEMVT) et ceux effectués notamment par le Dr. Charria, directeur de recherche au Ministère de l'agriculture et de l'élevage au Kenya, soulignent la multitude de races de dromadaires répertoriées dans le monde. UN ANIMAL FRUGAL Grand marcheur, le dromadaire se nourrit de la presque totalité des espèces végétales, herbacées et ligneuses, de son aire de pâturage. Toutefois, il prélève de petites quantités à la fois et il est considéré comme l'un des ruminants qui se livre le moins au surpâturage, contrairement, par exemple, à la chèvre. Quand le pâturage est utilisé par d'autres animaux, il peut, grâce à sa grande taille, trouver encore des productions fourragères à des niveaux que les autres n'ont pu atteindre : 70 % de la nourriture du dromadaire provient des arbustes même épineux, alors que 80 % de la nourriture des bovins provient de l'herbe. Il a, par ailleurs, cette faculté de pouvoir pâturer jusqu'à 80 km d'un point d'eau et de rester plusieurs jours sans boire, du moins si la teneur en eau des plantes le lui permet. Ceci n'est pas le cas des bovins, même de ceux qui constituent les troupeaux traditionnels des pasteurs sahéliens. Ceux-ci ne peuvent s'éloigner, en saison sèche, à plus de 15 km d'un point d'eau. Ainsi, il est intéressant de constater que les peuplements Rendille, dans le nord du Kenya, ont abandonné l'élevage des bovins pour celui des dromadaires à la suite de l'appauvrissement considérable des pâturages dû, soit à la sécheresse, soit au surpâturage, ou peut-être aux deux. De leur côté, les Pokot et les Samburu ont commencé à acquérir des dromadaires pour les élever avec leurs troupeaux de bovins. La résistance des dromadaires aux rigueurs climatiques est d'ailleurs remarquable. Au cours des grandes sécheresses des années passées, alors que dans certaines régions les pertes de bovins étaient de l'ordre de 80 %, le cheptel des camélidés n'a subi qu'une déperdition relativement basse, ne dépassant pas 20%. Selon une étude récente effectuée dans des zones sahéliennes, le troupeau camelin semble tourner autour d'un noyau constant numériquement, d'adultes âgés de 5 à 12 ans qui semblent résister à tout. Ceci explique en partie pourquoi la population cameline peut se reconstituer assez rapidement après une forte mortalité. UNE PHYSIOLOGIE ADAPTEE Cette faculté du dromadaire de subsister dans les milieux les plus arides provient d'un certain nombre d'originalités physiologiques. Ainsi, cet animal peut supporter une variation de température du corps allant de 34° le matin à ;41o le soir ; ceci lui permet de disposer d'une réserve considérable de chaleur pendant les nuits glaciales du désert. Par ailleurs, contrairement aux autres animaux à sang chaud, le dromadaire ne gaspille pas ses réserves d'eau durant les heures chaudes de la journée pour se rafraîchir par sudation. Le dromadaire est connu pour boire des volumes considérables d'eau en un temps bref et il n'est pas rare de le voir, en Mauritanie par exemple, absorber cent litres d'eau sans interruption en sept minutes. Il faut également signaler la faculté de concentration d'urine de l'animal. Alors que chez les bovins l'abreuvement entraîne normalement la diurèse (excrétion d'urine), les dromadaires, eux, peuvent retenir leur eau grâce, notamment, à une hormone antidiurétique (ADH). Il a en outre la capacité physiologique de recycler l'urée dans son système digestif, ce qui constitue un mécanisme efficace de survie lorsqu'il y a pénurie de protéines. Enfin, 1le dromadaire a un très faible taux de déshydratation fécale. Quant à sa bosse, elle lui sert de réserve de graisse alors que ses narines serrées, ses yeux protégés par de longs cils lui permettent de résister aux tempêtes de sable et au soleil. Les lèvres, la bouche et la langue peuvent s'accommoder des pires épineux du désert. PRODUCTION LAITIERE Selon le CIPEA, les dromadaires sont au moins deux fois plus productifs que les bovins. Ceci est dû surtout à la capacité élevée de production laitière des camélidés. Un troupeau de 28 dromadaires est suffisant pour faire vivre une famille de six personnes alors qu'il faut 64 bovins pour atteindre le même résultat. La production de lait de la chamelle est considérable. Si l'on fait un rapport entre le fourrage consommé et le lait produit, on s'aperçoit que pour produire 1 I de lait de chamelle il faut 1,9 kg de matière sèche, contre 9 kg pour 1 I de lait de vache. Par ailleurs, une chamelle fournit pour la consommation humaine 1.9001 de lait par an, alors qu'une vache de race africaine, dans des conditions semblables, fournit 300 I. La période de lactation d'une chamelle est en moyenne de 12 à 14 mois, alors que celle de la vache est de 9 mois environ. Enfin, on peut constater que les rigueurs climatiques de la saison sèche ne semblent pas avoir d'effet négatif sur la production laitière d'une chamelle, contrairement aux races bovines. LA VIANDE DE BOUCHERIE On consomme peu de viande de chameau en Afrique et la grande majorité des bêtes abattues sont des animaux réformés, très âgés, et nullement prépares en vue d`un abattage. Mais il n`en reste pas moins que le rendement est très correct. En Afrique de l'Est, notamment au Kenya, en Ethiopie, au Soudan et en Somalie, un nombre substantiel de dromadaires sont spécialement élevés pour l'abattage. Les carcasses sont exportées vers un certain nombre de pays tels que l'Egypte, la Libye et l'Arabie Saoudite. Pour les éleveurs africains en général, la consomma#ion de viande de dromadaire est un luxe. Mais cela n'est pas le cas ailleurs dans le monde, où certains gouvernements, comme celui de l'Inde, disposent de ranches d'élevage de dromadaires. En Union Soviétique, il existe de grandes fermes où l'on élève le chameau bactrien. On peut dire de manière générale qu'en Afrique le dromadaire est élevé en tant qu'animal de bât ou de selle plutôt qu'à titre de producteur de viande. Les animaux présentés sur les marchés pour l'abattage sont souvent fatigués, atteints de blessures ou malades. La seule zone en Afrique de l'Ouest où le dromadaire est élevé comme animal de boucherie est le Nigeria du Nord. Il faut également rappeler que le sang du dromadaire que l'on prélève par saignée sur les animaux vivants est consommé régulièrement par plusieurs ethnies d'Afrique de l'Est telles que les Rendille et les Turkana. UN RENOUVELLEMENT LENT Mais il y a, bien sûr, un certain nombre d'obstacles qu'il faudrait surmonter pour améliorer considérablement l'élevage intensif du dromadaire. Dans l'état actuel des troupeaux, les naissances de chamelons sont relativement peu nombreuses, autour de 165 individus par 1000 têtes. Par ailleurs, la mortalité des chameIons de zéro à deux ans est considérable et la rentabilité du troupeau est très variable d'une année sur l'autre. Ceci tient essentiellement aux évènements pathologiques intervenus au cours de l'année et aux disponibilités alimentaires. Le taux de fécondité, c'est-à-dire le nombre de chamelons nés vivants par rapport au nombre de familles en âge de reproduire est de 42 % en moyenne. Ceci s'accorde avec un intervalle moyen supérieur à deux ans entre deux mises bas, (entre 28 et 30 mois). Par ailleurs, les chamelles ne commencent à mettre bas qu'entre l'âge de 5 et 7 ans. Une autre particularité physiologique du camélidé fait que l'ovulation de la chamelle n'est provoquée que par le coït. Toute insémination artificielle semble donc pour le moment écartée. Mais en termes d'accroissement du taux de natalité, l'expérience montre que chez les dromadaires nourris généreusement sur herbages, l'intervalle entre les mises -bas se réduisent, l'activité sexuelle des dromadaires mâles augmente et la résistance des animaux également. LES MALADIES Le dromadaire est sujet à un certain nombre de maladies pour lesquelles il existe des traitements. Si, selon le Coran, la trypanosomose et la gale sont les pires fléaux du dromadaire, il n'en reste pas moins que les parasitoses ont un effet négatif considérable sur les troupeaux. Selon une étude récente de l'IEMVT, l'haémonchose est certainement la plus grave des infestations gastrointestinales chez le dromadaire. Les animaux infestés contaminent les pâturages dans lesquels les larves vont évoluer rapidement. Un certain nombre d'anthelminthiques sont destinés à soigner les parasitoses du dromadaire. Les traitements doivent être administrés principalement aux jeunes entre 6 mois et 2 ans, victimes de leur première infestation. Les femelles seront également traitées autour de la mise bas pour limiter l'augmentation des pontes de parasites et favoriser un bon départ de lactation. Mais on note tout de même qu'une forme de trypanosomose (Trypanosomia evansi) frappe le dromadaire. Cette maladie est transmise par d'autres vecteurs que la mouche tsé-tsé. Enfin, la gale présente également un danger pour le dromadaire, mais celle-ci peut être facilement traitée par des insecticides ou des injections d'ivermectine (gale sarcoptique). L'Avenir DE L'Elevage Selon les études les plus récentes, notamment celles du Dr. Charria, rien ne s'oppose véritablement à l'élevage intensif du dromadaire à des fins de sécurité alimentaire. Si les bovins et les petits ruminants sont une des causes de la désertification, note le Dr. Chema, le dromadaire offre, lui, une relative modération écologique et une productivité confirmée auprès des populations pastorales. Certains facteurs sont essentiels à la bonne productivité des troupeaux, notamment le pourcentage de mâles (20 à 40 % du troupeau) et celui des femelles en âge de reproduire (40 %). Dans un élevage traditionnel, non-intensif, l'augmentation du cheptel est de l'ordre de 10 % par an. LA RECHERCHE De nombreux aspects concernant l'élevage des dromadaires restent encore mal connus et devraient faire l'objet de recherches. Ainsi pourrait-on s'intéresser surtout à la mortalité dans les différentes classes d'âge, à la fertilité, à la composition des troupeaux, ainsi que des études plus poussées concernant l'alimentation. En France, l’IEMVT a réalisé un certain nombre d'études sur le dromadaire et D. Richard, D. Planchevault et J.P. Giovannetti viennent de terminer un rapport de mission sur la production cameline dans le centre-est du Niger. Par ailleurs, on signale qu'une aide financière a été récemment accordée par les Nations-Unies au CIPEA pour réaliser une étude bibliographique exhaustive sur le dromadaire et répertorier les recherches en cours en Afrique. L'objectif de ce financement est de permettre éventuellement de structurer des recherches futures. Une équipe a été formée en 1984 au CIPEA, sous la responsabilité de R.T. Wilson, pour étudier particulièrement la productivité cameline en milieu traditionnel et déterminer des moyens pour l'améliorer. Les chercheurs du CIPEA s'intéressent également aux études comparatives de productivité entre les camélidés et les autres ruminants, domestiqués ou sauvages, ainsi qu'aux aspects non concurrentiels du dromadaire. Enfin, le CIPEA se penche actuellement sur la nature saisonnière de la reproduction du dromadaire dans l'espoir d'en accélérer le cycle. BIBLIOGRAPHIE Chaque jour, 17 millions de camélidés, dromadaires et chameaux, en Afrique et en Asie, fournissent aux populations qui les élèvent, 370 tonnes de viande et 20 millions de litres de lait. Même le plus humble des observateurs sait que le dromadaire est l'animal le mieux adapté aux zones arides. Pourtant on ne peut que s'étonner du peu d'intérêt porté par la communauté scientifique à celui que l'on a surnommé le « vaisseau du désert ». Deux ouvrages récents, celui de R.T. Wilson : « The Camel » et celui de l'Institut d'Elevage et de Médecine Vétérinaire des Pays Trôpicaux (IEMVT) édité par D. Richard : « Le dromadaire et son élevage », retiennent actuellement l'attention des chercheurs. L'ouvrage de R.T. Wilson, publié en anglais, peut être obtenu à l'adresse suivante : Longman Group Limited, Longman House, Burnt Hill, Harlow, Essex, CM120 2JE. U.K. Par ailleurs l'étude de synthèse de l'IEMVT est disponible à : IEMVT, 10 rue Pierre Curie, 94700 MaisonsAlfort, cedex. France. | en |
dcterms.isPartOf | Spore | en |
dcterms.issued | 1986 | |
dcterms.language | fr | |
dcterms.publisher | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
dcterms.type | News Item |