Vulgarisation agricole redéfinir la notion de service
cg.contributor.affiliation | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
cg.howPublished | Formally Published | en |
cg.issn | 1011-0046 | en |
cg.journal | Spore | en |
cg.number | 68 | en |
cg.place | Wageningen, The Netherlands | en |
dc.contributor.author | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
dc.date.accessioned | 2015-03-23T11:10:23Z | en |
dc.date.available | 2015-03-23T11:10:23Z | en |
dc.identifier.uri | https://hdl.handle.net/10568/61471 | |
dc.title | Vulgarisation agricole redéfinir la notion de service | fr |
dcterms.abstract | Les services de vulgarisation agricole font le lien entre les chercheurs, les décideurs et les agriculteurs. Trop souvent, ces services ont été conçus et mis en oeuvre en partant du principe que les agriculteurs sont foncièrement passifs,... | en |
dcterms.accessRights | Limited Access | |
dcterms.bibliographicCitation | CTA. 1997. Vulgarisation agricole redéfinir la notion de service. Spore 68. CTA, Wageningen, The Netherlands. | en |
dcterms.description | Les services de vulgarisation agricole font le lien entre les chercheurs, les décideurs et les agriculteurs. Trop souvent, ces services ont été conçus et mis en oeuvre en partant du principe que les agriculteurs sont foncièrement passifs, illettrés et donc ignorants, et qu'ils sont incapables d'innover ou d'intégrer de nouvelles cultures et techniques d'élevage dans leurs systèmes d'exploitation. De nouvelles approches de vulgarisation ont été tentées sans toujours donner satisfaction. Le monde rural doit renaître pour la sécurité alimentaire des populations. Des questions fondamentales doivent être posées. De quels conseils et aides les agriculteurs ont-ils besoin pour améliorer durablement la productivité ? Quelles formes doivent revêtir ces aides ? Qui gère les services de vulgarisation ? Comment les financer ? Sans un développement de leur production agricole, la plupart des pays d'Afrique subsaharienne ne seront probablement pas en mesure de nourrir leurs populations, de développer leurs industries agro-alimentaires, de générer suffisamment d'emplois ni de maintenir les niveaux actuels des recettes en devises grâce aux exportations. Sans une approche plus rationnelle de la gestion des ressources naturelles, l'érosion augmentera encore et on assistera au déclin accéléré de la fertilité des sols, des ressources en eau et de la couverture végétale. Si les politiques de développement rural sont élaborées pour satisfaire les besoins en nourriture et en travail de chaque nation, elles ne peuvent être appliquées qu'avec la participation active et volontaire de millions de ruraux, disséminés dans des villages et qui ont besoin d'être informés et motivés pour progresser. Tel est le défi que les décideurs, les institutions de recherche et les agents du développement doivent relever sur l'ensemble du continent. Les priorités des agriculteurs Autrefois, la vulgarisation a au mieux remporté des succès ponctuels ; plus souvent, elle a manqué son but. Certains concepts mêmes de la vulgarisation sont à l'origine de ces échecs. L’idée était fort répandue que la vulgarisation devait informer sur les techniques mises au point par la recherche internationale, nationale ou privée, et assurer la promotion de produits que les agriculteurs auraient sinon ignorés. Cette approche pyramidale du transfert de technologie où les intervenants extérieurs pensent détenir la vérité et où les agriculteurs doivent accepter et appliquer les sages conseils prodigués, qu'ils en voient l'utilité ou non, n'a plus cours. Ce point de vue extérieur était trop souvent le reflet des priorités des bailleurs de fonds ou des gouvernements, et la vulgarisation tentait de promouvoir des politiques et des projets conçus et réalisés sans consultation préalable des bénéficiaires potentiels. Ceux qui défendaient ces thèses se sont heurtés à des agriculteurs revendiquant leur indépendance et leurs propres perceptions et expérience en matière de sols, de cultures, d'élevage et de marché. Le Béninois Moïse Mensah, ancien viceprésident du FIDA (Fonds international du développement agricole), a récemment défini la vulgarisation comme étant la diffusion des connaissances nécessaires à l'amélioration de la productivité agricole. Jon Moris auteur de l'ouvrage 'Options de vulgarisation en Afrique tropicale', y voit la promotion des technologies répondant aux besoins des agriculteurs et Jules Pretty, de l'Institut International pour l'Environnement et le Développement (LIED) et auteur de Regenerating agriculture, note que les populations rurales n'aiment pas du tout que d'autres prennent des décisions pour eux. Robert Chambers, de l'Institut des études sur le développement (IDS), fut probablement le premier à souligner la nécessité de mettre les agriculteurs au premier plan. Au cours des Indépendances, on prôna le développement de l'agriculture 'moderne'. Les cultures intercalaires, d'aspect désordonné, furent décrétées inefficaces, et les anciennes variétés locales peu rentables. On incita les agriculteurs à se tourner vers des cultures de rente, à pratiquer la monoculture et à cultiver de nouvelles variétés à haut rendement en utilisant engrais, pesticides et irrigation. Mais bien souvent, ces ensembles de techniques supposées stimuler la croissance du secteur agricole non seulement n'ont pas permis d'obtenir une meilleure productivité, une amélioration de la sécurité alimentaire et une hausse du niveau de vie, mais ont en outre laissé les agriculteurs dans l'incapacité d'honorer les dettes contractées pour ces systèmes qui demandent beaucoup d'intrants. Lors d'un atelier du CTA sur la vulgarisation agricole en Afrique, tenu à Yaoundé au Cameroun en janvier 1994, Moïse Mensah remarquait : 'Nous nous sommes plus intéressés à la productivité qu'à la sécurité alimentaire des ménages. Nous avons négligé le fait que les agriculteurs ne gèrent pas seulement des cultures mais des systèmes de subsistance complexes. Nous nous sommes focalisés sur les hommes et avons négligé le rôle de plus en plus important des femmes dans la production alimentaire en Afrique. ' Les besoins des agriculteurs pourraient donc se résumer ainsi : être reconnus comme des hommes et des femmes exerçant des responsabilités diverses au sein de leurs exploitations et de leurs communautés ; être conviés à participer à l'élaboration des projets de développement avoir la reconnaissance de leur savoir traditionnel, aussi incomplet soit-il. Qui est responsable ? On reproche aux services de vulgarisation leur manque de personnel sur le terrain, leur pléthore de personnel de direction dans les bureaux, leur manque de souplesse et leur éloignement. Dans de nombreux pays, 60 à 80 % des budgets sont consacrés aux salaires et des donateurs étrangers pourvoient parfois jusqu'à 80 % des budgets. Une telle dépendance à des financements externes ne peut pas durer. Pour Jon Moris, 'le plus souvent, on a aidé les pays pauvres à monter des réseaux complexes d'institutions de service que les économies locales ne peuvent pas supporter. ' Dans bien des pays d'Afrique anglophone et francophone, il y a surenchère des services de vulgarisation mis en place par les ministères de l'agriculture, les organisations paragouvernementales, les chambres de métiers, les projets de la Banque Mondiale et des Nations Unies, les ONG et les sociétés privées. Chacun a sa population cible, on s'arrache le personnel le plus compétent, et il n'y a guère de coordination et de collaboration. Certains réussissent bien, mais généralement, à la fin des projets, la vulgarisation cesse et les progrès aussi. Depuis les années 80, la Banque Mondiale soutient en Afrique le système de vulgarisation 'formation et visites', 'Training and Visit' (T & V), qui a largement remplacé l'approche précédente de 'recherche de systèmes agricoles', la 'Farming Systems Research' (FSR). Le système T & V repose sur un réseau d'agents de vulgarisation compétents, basés dans des centres de région ou de district où ils sont périodiquement formés avant toute intervention sur le terrain. Ce système, qui fait appel à des leaders paysans et à des fermes modèles, a donné de très bons résultats dans des pays aussi divers que le Burkina Faso, le Kenya et l'Inde. Mais les détracteurs objectent que ce T & V ne peut fonctionner qu'avec des agriculteurs possédant une bonne assise financière et une exploitation viable, solvables et en mesure de prendre des risques ; enfin l'infrastructure doit permettre la livraison d'intrants et la commercialisation des récoltes, comme au Kenya et en Inde. Etienne Beaudoux, de l'Institut de Recherche et d'Applications des Méthodes de Développement (IRAM), souligne que : 'l'utilisation de la méthode T & V pour l'amélioration des systèmes agricoles ne résout pas le problème des dépenses publiques et maintient la dépendance des agriculteurs envers les techniciens. ' Les ONG et les bailleurs de fonds bilatéraux ont remporté quelques succès aussi : l’Oxfam, par exemple, avec son projet agro forestier au Burkina Faso, ou encore le World Vision avec son projet oasis de Menaka au Mali. Au Kenya et au Lesotho, l'agence suédoise pour le développement (SIDA) a aidé les institutions gouvernementales dans leurs actions pour la protection des sols et de l'eau, et au Burkina Faso, l'agence allemande de coopération (GTZ) a financé un groupement réunissant différents ministères (agriculture, élevage, environnement et tourisme) et ONG dans le cadre du projet gouvernemental PATECORE (Projet d'aménagement de terroirs et conservation de ressources). Ces différents projets ont deux points communs : ils accordent une place importante à la protection des sols et de l'eau, sans laquelle aucun progrès agricole n'est durable, et sont fondés sur une approche participative pour l'élaboration des plans d'action et leur mise en oeuvre. Fournir conseil et assistance En Afrique, les agents de vulgarisation sont trop peu nombreux par rapport aux agriculteurs pour offrir un suivi personnalisé régulier, et l'argent manque pour financer le transport et le matériel nécessaire pour répondre à l'ensemble des besoins des agriculteurs. Les ressources humaines, financières et matérielles étant rares, cibler les groupes d'agriculteurs et utiliser les médias, en particulier la radio lorsqu'il s'agit d'éveiller l'intérêt pour de nouvelles technologies ou des concepts tels que l'amélioration de la commercialisation, peuvent remplacer efficacement le contact direct. Cette prise de conscience favorisée par la radio peut profiter aux équipes de vulgarisation qui, lors des réunions et des démonstrations, trouvent des participants déjà sensibilisés et qui ont des questions à poser. Les agents de vulgarisation utilisent donc mieux leur temps. Les médias comme la radio et la télévision ne sont efficaces que si la diffusion de leurs programmes couvre l'ensemble des régions ciblées et si les émissions rurales sont diffusées en langue vernaculaire à des horaires qui conviennent à leurs auditeurs. En outre, ces programmes n'obtiennent de l'audience que s'ils sont pertinents et soigneusement réalisés. Le mieux serait de planifier ces émissions rurales à la radio ou à la télévision en concertation avec le personnel de vulgarisation afin que les messages transmis par les différents médias et sous différentes formes (radio, affiches, réunions d'agriculteurs) se renforcent mutuellement. Malheureusement, les radios rurales manquent de moyens et travaillent souvent, en partie ou totalement, en marge des principales activités de vulgarisation. En outre, le manque de ressources, de formation et de gestion qui démoralise les diffuseurs ruraux, est peu propice à l'établissement d'une grille de programmes attractifs. Les programmes ruraux sont relégués à des heures de faible écoute où l'audience visée est soit au travail, soit en plein sommeil. Dans les pays ACP, les radios nationales, à qui on demande de s'autofinancer, ont pris la fâcheuse habitude de réclamer des prix si élevés pour la diffusion de programmes produits par les ministères de l'agriculture que les émissions rurales ont été fortement réduites, quand elles n'ont pas disparu. Cibler les groupes d'agriculteurs permet de réduire les coûts et favorise une approche réellement participative pour l'analyse, la planification et l'exécution de projets répondant à des besoins perçus comme prioritaires par les intéressés. Les écoles des champs (Farmer's Field School) sont un exemple relativement nouveau de ce type de vulgarisation de groupe. Elles sont conduites sous l'égide de la FAO au Burkina Faso, au Ghana, au Kenya et au Zimbabwe. (Voir encadré) D'abord destiné à l'Asie, le concept des écoles des champs avait pour but de former les agriculteurs à la notion et à la pratique de la lutte intégrée contre les ennemis des cultures. Au Burkina Faso et au Ghana, cette expérience a porté sur le riz, au Kenya sur le maïs et au Zimbabwe sur le coton. Les premiers succès sont encourageants : la majorité des agriculteurs ont suivi le cursus sur toute la saison. Ils prennent confiance dans leur analyse des conditions de culture, expérimentent des méthodes alternatives et prennent des décisions tirées de leur expérience au sein du groupe. Les conseils des vulgarisateurs ne sont pas acceptés d'emblée. Ils sont d'abord testés et évalués avant d'être mis en pratique sur le terrain. Après leur stage, les participants, hommes et femmes, deviennent à leur tour formateurs au sein de leur village ou de leur région. Ce système de formation, économique et efficace, permet une vulgarisation interactive. La recherche de financements A l'heure où les recherches de financements s'intensifient, il faut choisir les actions de vulgarisation les plus efficaces. Là où les Etats veulent rester gestionnaires des économies nationales, c'est dans le domaine de l'agriculture que le défi sera le plus rude. Pour pouvoir fonctionner, les ministères de l'agriculture auront besoin d'un meilleur partage des ressources. Il leur faudra adopter des lignes politiques claires et assumer la coordination de leurs propres ressources de vulgarisation et de celles des bailleurs de fonds, des ONG, des instituts de recherche et des sociétés privées afin d'obtenir le meilleur rapport qualité/prix. La vulgarisation reste un défi. Celui-ci ne peut être relevé sans une réévaluation des besoins du pays et des priorités des agriculteurs, et une mise en adéquation des ressources et des tâches. Des priorités doivent être établies pour ces tâches et la vulgarisation doit se concentrer sur quelques aspects fondamentaux comme la fertilité des sols, la lutte intégrée et l'élevage, ceux-ci incluant les notions et pratiques de protection des sols, de gestion de l'eau, de sélection variétale, de compostage et de mulching, de lutte contre les ennemis des cultures, d'agroforesterie, d'alimentation et de santé animales. La vulgarisation doit aussi insister sur la valorisation des cultures par leur transformation, et de plus en plus, sur leur commercialisation. Pour relever ce défi, les agents de vulgarisation eux-mêmes doivent évoluer, se former, et bénéficier des moyens nécessaires. Les agriculteurs ACP sont réceptifs aux idées nouvelles lorsqu'elles répondent à leurs aspirations économiques et sociales. Les vulgarisateurs doivent donc sélectionner l'information et son mode de diffusion le plus efficace et économique. La réussite future des services de vulgarisation dépendra finalement de l'attitude des agents, selon qu'ils restent directifs ou adoptent un rôle de conseil, aidant les agriculteurs à comprendre où se situe leur intérêt. Lecture complémentaire - Options de vulgarisation en Afrique tropicale de ]on Morts publié parle CTA, 1994 - Regenerating agriculture par Jules N. Pretty, publié chez Earthscan, 1995 - La vulgarisation agricole en Afrique, compte rendu d'un atelier du CTA à Yaoundé, Cameroun, janvier 1995 | en |
dcterms.isPartOf | Spore | en |
dcterms.issued | 1997 | |
dcterms.language | fr | |
dcterms.publisher | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
dcterms.type | News Item |