Cultiver le savoir

cg.howPublishedFormally Publisheden
cg.identifier.urlhttps://hdl.handle.net/10568/99675en
cg.issn1011-0046en
cg.journalSporeen
cg.number102en
cg.placeWageningen, The Netherlandsen
dc.contributor.authorLabrada, Humberto Reosen
dc.date.accessioned2015-03-26T12:16:47Zen
dc.date.available2015-03-26T12:16:47Zen
dc.identifier.urihttps://hdl.handle.net/10568/63461
dc.titleCultiver le savoiren
dcterms.abstractHistoriquement, la sélection des végétaux a suivi deux voies parallèles indépendantes — celle des scientifiques et celle des paysans. Il est essentiel que les recherches scientifiques et les programmes publics de sélection soient à...en
dcterms.accessRightsOpen Access
dcterms.bibliographicCitationLabrada, Humberto Reos. 2002. Cultiver le savoir. Spore, Spore 102. CTA, Wageningen, The Netherlandsen
dcterms.descriptionHistoriquement, la sélection des végétaux a suivi deux voies parallèles indépendantes — celle des scientifiques et celle des paysans. Il est essentiel que les recherches scientifiques et les programmes publics de sélection soient à l’écoute du savoir paysan et de ses critères de sélection pour réaliser la sécurité alimentaire, surtout si la sécurité alimentaire doit être assurée par des agriculteurs démunis. Comme on pourrait s’y attendre d’un universitaire spécialisé en sélection végétale, j’ai commencé ma carrière comme chercheur, en essayant de mettre au point des variétés ‘améliorées’. Le problème à Cuba, de nos jours, c’est que la plupart des agriculteurs ne peuvent pas acheter d’intrants coûteux comme les semences, les machines et les produits agrochimiques. Il n’est donc pas très utile de lancer de nouvelles variétés à hauts rendements, qui demandent beaucoup d’intrants pour réussir. À un certain moment, je me suis rendu compte que la recherche pure sur la sélection était plutôt vaine. J’ai donc recentré ma réflexion. De simple sélectionneur de végétaux, je suis devenu un sélectionneur qui dialogue avec les agriculteurs, un facilitateur en agrobiodiversité qui cultive aussi le savoir. Et j’ai toujours été convaincu que travailler pour une agriculture à faibles apports d’intrants est une démarche absolument scientifique. Situations de stress Un souffle de changement a balayé Cuba après l’effondrement du système communiste en Europe de l’Est et la disparition de l’Union soviétique. Le marché d’exportation de Cuba s’est évaporé, le pouvoir d’achat du pays en énergie et produits agrochimiques s’en est trouvé considérablement réduit et la production agricole en a subi les conséquences. En 1998, la production de semences de maïs et de haricots, par exemple, représentait la moitié de son niveau des années 80. La crise a principalement touché les grandes exploitations agro-industrielles. L’agriculture de subsistance a été moins affectée. Dans le même temps, les petites exploitations se sont multipliées. La crise alimentaire latente a en effet poussé beaucoup de gens à se lancer dans la production agricole et pas seulement dans les zones rurales : l’agriculture urbaine s’est développée de façon significative. La recherche agricole devait de toute évidence se réorienter, elle aussi. Les associations de cultures, les engrais biologiques, la lutte biologique et l’agriculture biologique sont devenus de nouveaux sujets d’attention. Et nous, en tant que sélectionneurs, nous avons dû relever de nouveaux défis. Prenons l’exemple de la citrouille, un légume très populaire à Cuba. Dans les années 90, les rendements de citrouilles ont régulièrement baissé au point que la citrouille est devenue introuvable sur les marchés cubains. Le manque d’intrants en était largement responsable et il est devenu clair que ces variétés de citrouilles dépendaient trop des apports d’intrants. Nous avons donc commencé à chercher des variétés qui auraient un bon rendement, même dans des conditions difficiles comme la sécheresse, les températures élevées et les attaques de maladies ou de nuisibles, sans nécessiter des intrants coûteux. C’était un grand défi. Jusqu’alors, les variétés avaient été testées et évaluées dans des conditions contrôlées par rapport à un type de contrainte, pas sous des contraintes multiples. Nous avons identifié 33 variétés rustiques de citrouilles et une vingtaine de variétés modernes et nous les avons évaluées. C’est ainsi que la sélection végétale participative est née à Cuba. Les paysans se sont engagés dans la culture, la multiplication et la sélection des variétés de citrouilles dans leurs propres champs — pas dans des stations pilotes, ce qui est très important. Ils ont comparé ces variétés avec celles qu’ils utilisaient habituellement et en ont choisi deux qui donnaient des rendements intéressants avec peu d’intrants et dans un environnement très difficile. Ainsi, nous sommes parvenus à améliorer l’accès des paysans à la biodiversité et nous avons appris de leur façon de sélectionner les variétés. Lors d’un autre essai, nous avons demandé aux agriculteurs de cultiver diverses variétés de riz, rustiques et améliorées, dans deux parcelles différentes. L’une se situait dans une zone légèrement vallonnée à sol pauvre et sablonneux et l’autre dans une zone d’agriculture à grande échelle, une plaine où les agriculteurs étaient habitués utiliser des engrais et d’autres intrants. Les agriculteurs sur sols sablonneux et les chercheurs ont choisi comme favorites un mélange d’espèces rustiques et modernes. Les agriculteurs de la plaine ont préféré les variétés améliorées. Ils ne connaissaient que ces variétés et n’avaient pas suffisamment de connaissances pour évaluer les autres espèces. La biodiversité est donc aussi un élément du savoir. Les agriculteurs ‘traditionnels’ sont une source incroyable de connaissances empiriques et théoriques des plantes, des semences et du rendement potentiel de chaque variété. Ils aident aussi à préserver une riche diversité des variétés de certaines plantes dans leurs propres champs. Berceaux de biodiversité Au début des années 80, lorsque l’agriculture industrielle était à son apogée à Cuba, une étude a montré que la diversité des ressources génétiques végétales du pays n’était assurée que par les agriculteurs traditionnels. Les jardins potagers, en particulier, étaient — et sont toujours — le berceau de la biodiversité. Les cultivateurs y conservent des variétés pour différents usages comme l’alimentation, la pharmacopée, le commerce et les rites religieux, ce que les institutions agricoles officielles ne font pas. Ainsi, en collaborant au processus de sélection et de reproduction, les agriculteurs et les chercheurs se sont non seulement instruits mutuellement, mais c’était aussi la meilleure façon d’accéder à la biodiversité et de la développer. De plus, si l’on veut que les agriculteurs assurent la sécurité alimentaire du pays, il faut leur faire confiance et partir de leur situation socio-économique. Le monde de la sélection végétale et de la production de semences tout comme celui des décideurs politiques doivent être plus ouverts et plus sensibles à cela. Humberto Ríos Labrada INCA Gaveta Postal 1 San José de los Lajos La Havana, Cuba, CP 32700 Fax : 53 64 63867 Email : humberto@inca.edu.cu [caption] Humberto Ríos Labrada est le coordonnateur du Programme participatif de sélection végétale à l’Institut national des sciences agricoles (INCA) de Cuba. Il a récemment reçu le Prix de l’innovation en développement rural du Centre agricole international des Pays-Bas. Les opinions exprimées dans ce Point de vue sont celles de l’auteur, et ne reflètent pas nécessairement les idées du CTA.en
dcterms.isPartOfSporeen
dcterms.issued2002
dcterms.languagefr
dcterms.publisherTechnical Centre for Agricultural and Rural Cooperationen
dcterms.typeNews Item

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