Des économies qui coûtent cher
cg.contributor.affiliation | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
cg.howPublished | Formally Published | en |
cg.identifier.url | https://hdl.handle.net/10568/99667 | en |
cg.issn | 1011-0046 | en |
cg.journal | Spore | en |
cg.number | 94 | en |
cg.place | Wageningen, The Netherlands | en |
dc.contributor.author | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
dc.date.accessioned | 2015-03-26T12:10:43Z | en |
dc.date.available | 2015-03-26T12:10:43Z | en |
dc.identifier.uri | https://hdl.handle.net/10568/62693 | |
dc.title | Des économies qui coûtent cher | fr |
dcterms.abstract | Les maladies animales prennent une place effrayante dans nos vies. Au mépris des frontières, elles passent de bête en bête, du gibier aux animaux domestiques et même — rarement — de l'animal à l'homme. C'est un véritable souci, surtout... | en |
dcterms.accessRights | Open Access | |
dcterms.bibliographicCitation | CTA. 2001. Des économies qui coûtent cher. Spore, Spore 94. CTA, Wageningen, The Netherlands | en |
dcterms.description | Les maladies animales prennent une place effrayante dans nos vies. Au mépris des frontières, elles passent de bête en bête, du gibier aux animaux domestiques et même — rarement — de l'animal à l'homme. C'est un véritable souci, surtout quand des marchés sont en jeu, mais pour agir, il faut des moyens et une stratégie. L’avancée dévastatrice d'une souche de fièvre aphteuse à travers l'Asie, l'Afrique australe et finalement l'Europe n’a guère ému les nombreux pays où ces maladies sont endémiques. En Europe, elle a démontré la fragilité de la ligne de protection. Dans les pays en développement, elle souligne la nécessité aiguë d'augmenter les moyens de protection et de surveillance. L’on a encore en mémoire les images, diffusées dans le monde entier, des bûchers de troupeaux de bovins, de chèvres et de moutons abattus dans plusieurs régions de Grande-Bretagne au début 2001. Dans sa réponse à l'éruption de fièvre aphteuse, ce pays a donné l'impression de fouiller de manière obsessionnelle les entrailles de sa politique agricole et d'engager — quoique très peu en conviennent — une sorte de rituel vaudou traduisant l'angoisse de vivre dans un monde insalubre. Les brasiers engloutissant des millions d'animaux malades étaient-ils l’appel de détresse d'une agriculture en perdition? De janvier à juillet 2001, 1 800 cas ont été recensés et au total, plus de trois millions de bovins, de moutons, de chèvres et de porcs ont été abattus et incinérés. En termes statistiques, c’est une simple égratignure, mais la cicatrice est profonde en termes économiques et émotionnels. Ces mesures draconiennes ont été reproduites dans d’autres pays d'Europe moins touchés, puis les choses sont revenues à la normale. En quelques semaines, la maladie était contenue et l’objectif principal de ce massacre — préserver le commerce de la viande — était atteint. Selon les rapports du Veterinary Records, la souche du virus de la fièvre aphteuse qui a atteint la Grande-Bretagne a été d’abord identifiée en Inde en 1990. Elle s’est répandue en Asie en direction de Taiwan, d’où elle a gagné l’Afrique australe, semant la désolation sur son passage. En Afrique du Sud, des centaines de milliers d’animaux infectés ont été abattus au début 2001 ; la fin de l’épizootie a été annoncée le 11 avril. Un virus sans frontières Aucun continent n’est épargné. La dernière apparition de la fièvre aphteuse en Amérique du Nord remonte à 1929, mais les vastes plaines herbeuses d’Amérique du Sud ont été touchées aussi durement que la Grande-Bretagne, bien que par une souche différente. Au début de 2001, l’Uruguay comptait 1 300 foyers et l’Argentine 1 200 : ils ont vacciné 49 millions de têtes de bétail. En Afrique subsaharienne, la souche la plus récente s’est limitée au Sud, mais fin 2000 des cas avaient été signalés dans 16 pays, du Sénégal au Swaziland. Aucun foyer n’a été signalé récemment dans les Caraïbes ou le Pacifique. Outre la fièvre aphteuse, il existe de nombreuses autres maladies endémiques du bétail. Parmi celles qui causent les plus grands dommages, citons l'anthrax, présent en Afrique australe, la fièvre de la vallée du Rift en Afrique de l’Est, la peste porcine en Espagne, la grippe aviaire en Asie et la maladie de Newcastle (peste aviaire) en Afrique de l'Ouest. Les animaux sauvages peuvent être porteurs de ces maladies et d’autres, et donc jouer un rôle dans leur transmission. Tout comme la vaccination, qui offre une bonne protection, une mesure importante de prévention dans de nombreux pays consiste à mieux isoler le bétail des animaux de brousse. Des enjeux importants On estime le coût des éruptions récentes de fièvre aphteuse dans les pays du Nord à des dizaines de milliards de dollars, mais grâce aux subventions et aux assurances, les effets financiers ont relativement épargné les populations. Il n'en va pas de même dans les pays en développement.. Peter Roeder, du Service vétérinaire de la FAO, l’a souligné à plusieurs reprises au début de 2001 : 'Partout où l'on élève du bétail, la fièvre aphteuse est une menace pour l’économie. La lutte contre les maladies épidémiques des animaux et des hommes est loin d’être gagnée ; pour les maladies animales, elle commence à peine dans la plus grande partie du monde.' Avec la fièvre aphteuse, le risque économique est double : vous ne pouvez exporter vos bêtes si elles sont atteintes, mais si vous les vaccinez, elles sont considérées comme porteuses du germe et ne sont plus exportables. Pauvre et malade ou pauvre et vacciné, voici la seule alternative ! Il semble que la crise de la fièvre aphteuse au Nord trouve son origine dans des mesures d’économie. N’est-ce pas ironique ? Des techniques intensives d’élevage, des réductions budgétaires dans les services vétérinaires et la fermeture des abattoirs locaux, qui a augmenté les transports d’animaux, sont autant de facteurs qui ont favorisé la maladie. Ne perdez pas la tête Un souci autrement plus grave, toutefois, c’est la transmission à l’être humain d'une maladie animale telle que l'anthrax, la tuberculose et, plus récemment, l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) ou maladie de la 'vache folle'. Cette maladie est ainsi nommée parce qu’elle attaque le système nerveux et détruit une partie du cerveau, ce qui conduit les animaux à trembler et à tituber. La propagation de l'ESB est probablement liée à une pratique séculaire qui consiste à ajouter à la nourriture du bétail des farines à base de viande et d’os de moutons. Certaines de ces farines seraient provenues de moutons atteints de la 'tremblante' et la réduction de la température de cuisson des farines, pour diminuer les coûts, aurait été le principal facteur déclenchant. La première 'vache folle' a été identifiée en 1986. Depuis, 180 000 vaches ont été abattues en Grande-Bretagne et environ 1 300 cas ont été identifiés ailleurs en Europe. La forme humaine de la maladie, la nouvelle variante de la maladie de Creutzfeld-Jakob ou nvMCJ, provoque une perte de mémoire, puis l’effondrement de tout le système nerveux, plus rapidement que la MCJ qui touche naturellement environ une personne sur un million. La nvMCJ a tué 80 personnes en Grande-Bretagne et 2 en France. Les mécanismes de transmission ne sont pas encore totalement expliqués. La période d’incubation pouvant dépasser dix ans, le nombre des victimes futures pourrait s’élever à 10000 ou 80000 en Grande-Bretagne. Personne ne sait au juste… L’ESB et la nvMCJ ont-elles atteint d’autres pays ? Peut-être. Comme les systèmes de contrôle sont défaillants dans de nombreux pays en développement, on peut le supposer. En réalité, personne ne sait. Ce qui est en revanche certain, selon un communiqué conjoint de l’Organisation mondiale de la santé, de la FAO et de l’Office international des épizooties, publié à Paris à la mi-juin 2001, c’est que 'des matières potentiellement infectées ont été diffusées dans le monde via le commerce de bovins vivants ainsi que de certains produits et sous-produits bovins. Tous les pays doivent rapidement évaluer dans quelle mesure ils ont pu être exposés et doivent entreprendre les actions nécessaires.' Les spécialistes de ces organisations ont conseillé aux gouvernements d’interdire les farines animales pour les ruminants et de mettre en place des mesures de suivi et de contrôle. Ils ont aussi demandé des moyens supplémentaires pour aider les pays en développement à évaluer leur exposition potentielle à des produits contaminés par l’ESB et à gérer les risques. Les trois organisations ont appelé à diffuser des méthodes d’autosurveillance et recommandent aux consommateurs d’éviter certaines matières à risque (moelle épinière, cervelle, yeux, certaines glandes et certaines parties de l’intestin des bovins, ovins et caprins). Elles exhortent les scientifiques à informer le public de tout nouveau risque, si inquiétant soit-il. Frappés de plein fouet Dans le passé, les systèmes agricoles des pays ACP et d'autres pays en développement ont souffert de façon disproportionnée de certains aspects négatifs d'innovations techniques et de procédures réglementaires. Aujourd'hui, les voici en butte à deux nouveaux soucis: la vulnérabilité du secteur de l’élevage à de telles maladies et la transmission de maladies animales aux humains. Chaque étape de la filière de la viande — surveillance, contrôle de qualité, traçabilité, promotion de l'exportation, commercialisation — devient plus complexe et coûte plus cher. Au-delà de la menace sur le commerce, ce qui est en jeu, c'est un risque massif et incontrôlable pour la santé animale comme pour la santé humaine. Le plus triste de cette histoire, c'est que la négligence, voire l’irresponsabilité des riches va coûter cher aux pauvres aussi. Voir aussi Repères [caption] Les animaux sauvages porteurs de maladies franchissent allègrement ces barrières destinées à protéger le bétail au Botswana. [points clés] La vague actuelle d’épidémies animales a montré que : • les risques de maladie augmentent avec l'intensification • de fausses économies font courir des risques réels • une meilleure surveillance de la santé animale et humaine est nécessaire • il est nécessaire d'augmenter les ressources dans ce secteur et de bien informer le public • les consommateurs sont devenus méfiants. Pour la période 2001-2002, on s'attend à une chute de la consommation de bœuf d'environ 3% dans le monde et de 15% en Europe. [caption] Les animaux sauvages porteurs de maladies franchissent allègrement ces barrières destinées à protéger le bétail au Botswana. | en |
dcterms.isPartOf | Spore | en |
dcterms.issued | 2001 | |
dcterms.language | fr | |
dcterms.publisher | Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation | en |
dcterms.type | News Item |